34. Rouge sang

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Charlie

Zach gare la moto à l'arrière de l'hôpital, là où Jenna et moi étions rentrées par effraction. Aussitôt que le moteur de la moto s'arrête, je descends, mettant le plus de distance possible entre Zach et moi, toujours vexée de son petit numéro. Pendant tout le long de la route monsieur s'est amusé à rouler comme un malade, freiner sans raison, pour me pousser à m'accrocher à lui. Mais comme si ma vie était en jeu, et c'était le cas, je me suis accrochée si fort aux poignées situées de chaque partie de mes cuisses que mes mains me font un mal de chien.

Je les agite, pli et repli mes doigts pour les dégourdir un peu et laisser le sang retrouver son chemin.

Zach s'approche et décroche la sécurité de mon casque en un mouvement de doigt.

- Tu es têtue.

- Seulement prête à mourir pour te prouver que tu as tort.

- C'est bien ce que je dis, ricane-t-il en posant nos casques sur la selle de la moto.

- Qu'est-ce que je suis censée faire de ça ? dis-je en enlevant difficilement le sac à dos qu'il m'a obligé à porter. Il pèse une tonne, râlé-je.

Un bruit de verre qui s'entrechoque et Zach sourit en récupérant le sac d'une poigne solide.

- Suis-moi, enfin, sauf si tu veux me devancer ? Tu connais la route après tout.

Je pouffe ironiquement et le suis. Zach ouvre la grande porte en fer et nous traversons les couloirs. Mon cœur se serre au souvenir de la dernière où je me suis rendu ici, c'était également pour voir Will, le soir de son agression.

Seulement cette fois ce n'était pas accompagné de Zach mais bien de Jenna.

Fais chier, si seulement je ne l'avais pas forcée à me suivre. Si je l'avais écouté le premier soir, si j'étais resté éloigné de tout ça, de lui... Peut-être qu'elle serait tranquillement chez elle à se goinfrer de gâteau en tout genre sans prendre un gramme.

- Charlie ? m'appelle Zach entrelaçant nos doigts d'une douceur que je ne lui reconnais pas.

- J'étais juste en train de... de penser à elle.

- Je sais, dit-il en se déplaçant face à moi et je force à lever le menton pour le regarder dans les
yeux, j'ai mis tous mes hommes sur le coup à la seconde où j'ai su qu'elle avait disparu. Je la retrouverai.

Je déglutis difficilement, le dos de sa main caresse ma joue. Et pour la première fois depuis mon arrivée à San Francisco, je craque, je n'ai plus aucun espoir. Mes lèvres tremblent et les larmes inondent mes yeux à la simple pensée de perdre ma meilleure amie.

- Vivante, je la retrouverai vivante, affirme sèchement Zach essuyant une larme qui s'est échappait de la barrière de mes paupières.

J'acquiesce et nous reprenons la marche.
Nous croisons quelques infirmiers, des médecins. Nous sommes en pleine journée et le personnel accoure de chambres en chambres.

Nous entrons dans un ascenseur, Zach s'appuie contre la paroi alors que je me positionne à l'opposé. Si je dois analyser cette situation je dirais sans aucun doute que je fuis tout contact
physique sachant pertinemment que je suis faible et que s'il s'approchait à nouveau de moi je ne suis pas sûre d'être capable de le repousser même par fierté.

L'ambiance vient de changer et je sens le regard brûlant de Zach parcourir mon corps. Je me sens soudain à l'étroit dans ce jean qui me colle comme une seconde peau.

Quatre étages, pas un de plus.

Les portes se referment et au moment où je pense subir cette ascension seule avec lui, un médecin interrompt la fermeture des portes et entre dans l'ascenseur.

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