16. Le doute

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San Francisco –

Charlie

Je dois me tromper, des motos noires il y en a des centaines voire des milliers en ville, en Californie.

Ce n'est qu'une coïncidence.

Evidemment.

Ils sont tellement différents que je ne peux pas croire qu'ils fassent une seule et même personne, non c'est impossible voyons. Je l'aurais forcément reconnu. Et puis j'ai dû confondre la plaque et mélanger les chiffres, les lettres. C'est impossible, je ne peux pas y croire.

- Passe-moi ton téléphone.

Je me retourne vers Will, que m'a-t-il demandé déjà ?

- Ton téléphone, hurle Will en secouant ses mains devant mon visage.

Je m'exécute, je fouille la poche arrière de mon jean pour en sortir mon portable, il est trempé je ne suis même pas sure qu'il fonctionne encore. Will l'attrape et tapote dessus comme un malade avant d'approcher le cellulaire à son oreille.

Il a eu à peine le temps de replacer sa serviette correctement. J'observe son visage et je constate plusieurs ecchymoses, un nez enflé et des pommettes violacées. Je me demande comment il tient encore debout.

- Qui est-ce que tu appelles ? demandé-je calmement.

- Lui.

Il ne répond pas, évidemment, il conduit une moto c'est bien plus compliqué qu'en voiture. Peut-être qu'il n'a tout simplement pas son téléphone sur lui ou peut-être qu'il a eu un accident.

Will essaye à nouveau, nouvel échec, de là me vient une idée.

- Une voiture, j'ai besoin d'une voiture.

- Tu ne pourras pas le rattraper, il est sûrement déjà à l'autre bout de la ville.

- Une. Voiture. Insisté-je les yeux encré dans les siens.

Ce n'est vraiment pas le jour de me faire chier. Il s'active et entre dans l'appartement avant d'en ressortir avec une paire de clés qu'il me lance suivit de mon téléphone.

- Wilson Road, il habite là-bas.

Ce n'est pas où je vais, parce que si Zach et lui sont la même personne, il ne rentrera pas chez lui.

Je monte dans la voiture de Will et je pars en trombe. Tant pis pour le service, tant pis pour mon gâteau. J'ai besoin de réponse et lui a besoin de quelqu'un, je veux l'aider comme lui m'a aidé quand j'étais mal. Je retrouve difficilement la route, je n'ai aucun sens de l'orientation, il me faut au moins dix trajets avant de retenir une route, mais il faut croire que sous la pression je ne m'en sors pas trop mal.

Je gare la voiture au bord du trottoir et je sors, je cours, les pieds dans le sable. Je cherche partout sur l'étendue de sable, personne. Je prends mon téléphone et j'appelle le dernier numéro saisit. Une sonnerie, deux, trois, quatre, pas de réponse. Je raccroche, il ne répondra pas et cette fois c'est à son tour de m'ignorer et cette sensation m'est désagréable.

J'ai attendu plus de deux heures sur cette foutue plage, au cas où il viendrait. Spoiler alerte : il n'est jamais venu. Ni l'un, ni l'autre.

J'abandonne pour l'instant. Si il ne veut pas être retrouvé c'est réussi.

Qui sait ce qu'il peut bien être en train de faire ?

De retour au bar, je commence mon service avec plus de deux heures de retard. Je fais ce que j'ai à faire et je ne m'occupe pas du reste, ma tête est ailleurs. J'aimerai le trouver, l'aider. Je crois qu'aujourd'hui j'ai compris un peu plus Zach. Il se cache derrière le masque d'un homme aigri et froid alors que ce matin il s'en ait délibérément pris à son ami pour me protéger. Moi.

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