Chapitre 45

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Peggy et les jumeaux rentrèrent à la maison quelques jours plus tard. Peggy ne retourna pas travailler pendant un certain temps pour s'occuper des enfants. Mon père et elle furent bien occupé les premiers mois. Moi je passais mes journées avec Molly et Ralph.

Les jours se mirent à raccourcir et à se faire de plus en plus froids au fur et à mesure que l'on se rapprochait de la fin de l'année. Le mois d'octobre arriva à grands pas.

Un soir, j'étais assise dehors sur les escaliers devant chez nous, une des premières éditions de « Le lion, la sorcière et l'armoire » de C.J. Lewis, ouvert devant moi. La pluie tombait sur le toit au-dessus de moi et l'air frais me faisait frissonner. Perdue dans mes pensées, je n'entendis pas mon père approcher derrière moi. Il me déposa une couverture sur les épaules, me faisant me retourner vers lui.

- Tu vas finir par attraper froid, me dit-il en s'asseyant à côté de moi.

- J'allais rentrer, il commence à pleuvoir vraiment fort.

- Ça va ? me demanda-t-il.

- Hmmm, répondis-je.

- Ces derniers temps tu sembles un peu ailleurs.

- Nan ça va. Les jumeaux dorment déjà ?

- Oui, Peggy les met au lit.

- Ok, dis-je simplement.

Nous restâmes silencieux de longues minutes. Au bout d'un moment, je pris mon courage à deux mains et je décidais de parler à mon père de ce qui me travaillais depuis plusieurs jours, comme il l'avait effectivement remarqué.

- Dans une semaine, on sera le 29 octobre...

- Oh, comprit mon père.

- Ça va faire un an qu'on est parti et que Tony et Nat ne sont plus là. J'ai un peu le cafard. Mes amis me manquent, notre appartement me manque... Ça passera.

- Tu voudrais rentrer ? me demanda-t-il.

- Je ne sais pas. Oui je pense. Mais on s'est reconstruit une vie ici.

- Si tu ne te sens vraiment pas bien, on peut rentrer, répondît-il.

- Peut-être qu'on devrait juste rester ici. Peut-être que ce serait plus dur si on rentrait. Ici il n'y a pas vraiment grand-chose qui nous rappelle qu'ils ne sont plus là.

- Oui mais il y aurait tout le monde, remarqua-t-il. Il y aurait ta famille.

- Mais c'est vous ma famille !

- Ne dis pas de bêtise, eux aussi ils sont de ta famille.

- Il ne s'agit pas que de moi de toute façon, répliquais-je. Je sais très bien que tu ferais n'importe quoi pour que je sois heureuse, mais il y a Ma et les jumeaux maintenant.

- Et si j'étais d'accord ? demande la voix de Ma derrière nous.

- D'accord ? Pour partir ? dis-je incrédule.

- En fait on en a déjà parlé ensemble, m'expliqua mon père.

- Mais et ton travail ? Tes amis ?

- Ecoute Sarah, ce qui est le plus important pour moi c'est ma famille et tu en fait partie. On sait tous les trois à quel point vous seriez heureux de pouvoir revoir vos amis. Après tout ce que vous avez vécu je pense que je peux bien abandonner quelques petites choses pour vous.

- Ma ! Tu sais bien que ce n'est pas une décision qu'il faut prendre à la légère ! m'exclamais-je.

- Je sais et j'y réfléchis depuis longtemps. Certes tout quitter sera sans doute difficile au début, mais je pense aussi à tous les avantages. Les avancées technologiques, médicales... Les jumeaux seraient sans doute plus en sécurité là-bas.

The little girl's powersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant