Le Souffle de Kaëv'ah - Tome 4 : L'Héritage du Sang [Terminé]

Chapitre 18 - Soirée au palais Vervaïl

/!\ Chapitre comportant une scène de sexe alors, bah vous connaissez le truc, hein, les plus jeunes, les plus sensibles, ceux que ça saoul, je vous invite à ne pas lire la fin du chapitre et pour les autres et ben, vous êtes prévenus. /!\

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Yennaël n'eut pas l'arrogance d'adresser un regard à Richa lui signifiant qu'il avait raison et qu'il le lui avait dit.
De toute manière, la jeune fille ne l'aurait probablement pas remarqué, toute son attention se dirigeant sur Sarrion, qui gardait les yeux sur le côté. La bouche légèrement entrouverte, les sourcils froncés, elle semblait ignorer comment réagir.
Malgré l'évidence que certains avaient relevée, elle n'avait pas cru, en voyageant jusqu'au palais, que le père qu'elle venait chercher était l'homme le plus puissant du royaume et, même si elle s'était permise de le supposer, elle n'aurait certainement pas cru qu'il puisse le reconnaître si facilement. Un enfant illégitime était quelque chose de particulièrement gênant, encore plus lorsque le père était un personnage public plus qu'influent.
Que se soit car quelqu'un venait de lui annoncer être son père ou car cette personne l'avouait avec tant de naturel sans chercher à nier les faits ou à les minimiser, la surprise la frappait suffisamment pour qu'elle ne sache que dire. Elle demeurait tellement stupéfaite qu'elle en perdait ses mots, ce qui était aussi rare qu'exceptionnel.
L'attitude de Sarrion face à elle, installé sur l'un des deux divans, ne l'aidait aucunement à se positionner. Aucune expression ne marquait ses traits et son visage demeurait encore plus impassible que celui d'une statue d'albâtre.
Finalement, elle se détourna de la porte qu'elle referma brutalement, l'ayant entrouverte avant l'annonce de Sarrion, et elle fit face au souverain, les bras croisés sur la poitrine et la tête légèrement penchée sur le côté. Secouant la tête de gauche à droite, elle émit un claquement de langue et un rire méprisant. Visiblement, elle choisissait le dédain et la colère comme réaction.
La voix chargée de fiel, elle lança :

« Alors c'est bien ce qu'on disait. Le roi a eu une maîtresse elfique qu'il a fini par engrosser et il a réglé le problème en la faisant disparaître ? Par exemple, en l'envoyant dans la ville la plus éloignée possible, avec le polichinelle qu'elle avait dans le tiroir. Ou alors vous attendu la naissance du dit polichinelle pour l'expédier sur Terre ? Vous pensiez que, comme ça, vous n'aurez plus à vous en soucier ! C'est clair que, un enfant illégitime, un sang-mêlé qui plus est, ça serait un énorme scandale, un truc qui menacerait l'équilibre du royaume et risquerait de briser la confiance que tous ont en vous. Manque de pot, l'indésirable est revenue demander des comptes et vous pouvez toujours courir pour que je la ferme ! Vous pouvez même être certain que je vais gueuler et foutre le bordel autant que possible !

– Je...euh...sur...sur Terre ? Balbutia Sarrion, l'air quelque peu perdu et Yennaël n'aurait jamais pensé qu'un homme comme ce souverain puisse être à ce point déstabilisé.

– Faites pas comme si vous le saviez pas ! Si vous êtes mon père, vous devez savoir ce qu'il m'est arrivé ! Assura Richa, toujours aussi véhémente.

– Non, je ne le savais pas, déclara très calmement Sarrion sans plus sembler perturbé ni élever la voix. J'ignorais tout de cette affaire. J'ai bien connu une elfe il y a bien longtemps lorsque j'étais jeune, mais, croyez-moi, j'ignorais totalement que j'avais un...enfant...une...une fille...

– Bien sûr, c'est ça ! Rit ironiquement Rich. Comme si j'allais croire un truc pareil ! Vous vous fichez de...

Le regard franc et troublé que Sarrion posa sur elle fit s'interrompre Richa d'elle-même dans son accusation. Elle lisait dans ses yeux vairons qu'il était sincère. Il ne mentait pas pour tenter de se dédouaner de toute responsabilité dans la situation de Richa.
Après tout, pourquoi avouer si honnêtement être son père pour ensuite prétendre qu'il ne savait rien de son existence en un mensonge éhonté ? Ça n'aurait pas été logique, bien au contraire.
Le doute lui semblait cependant toujours permis. Que ce soit à cause de la colère, de sa raison qui la mettait en garde contre une éventuelle naïveté, de l'appréhension ou de l'incertitude, elle peinait à le croire simplement sur parole uniquement à cause de son regard.
Souhaitant s'assurer de la sincérité de Sarrion, la jeune fille referma le poing autour de sa pierre pendant à son cou pour user des pouvoirs qu'elle lui conférait. Comme toujours, elle ne comptait que vérifier le strict nécessaire, pas violer le secret de l'intimité des pensées de Sarrion. Elle s'interdisait d'explorer les esprits des personnes qu'elle croisait dans leur entièreté. Malgré la situation et la possible paternité de Sarrion, elle respectait cette décision.
Vérifier que le vampire ne mentait pas n'exigeait pas beaucoup d'efforts ni une plongée en profondeur dans les tréfonds de ses pensées.
D'ailleurs, Sarrion ne s'aperçut même pas de la présence de la jeune fille qui s'insinua dans son esprit pour vérifier son honnêteté.
Celle-ci ne fit rapidement plus aucun doute pour Richa. Cette petite incursion dans la conscience de Sarrion lui apprit qu'il pensait sincèrement être son père mais qu'il n'avait jamais soupçonné l'existence d'une quelconque descendance. Il était aussi ignorant, surpris et perdu qu'elle.
Toute sa véhémence disparut soudainement et, à la place, elle se sentit subitement très fatiguée et encore plus perdue que précédemment. L'incertitude pesa encore davantage sur ses épaules et elle ne savait plus que dire.
Hochement lentement le menton en se mordant la lèvre inférieure, elle lâcha sa pierre, qui oscilla légèrement sur sa poitrine. Dans un soupir, elle se laissa tomber sur le même divan que celui où se tenait Sarrion tout en veillant à garder un maximum de distance entre elle et lui.
Sans regarder le souverain, elle se corrigea :