Richa se réveilla dans des draps inconnus et doux. Le matelas et l'oreiller ne lui étaient pas davantage familiers, bien que confortables.
Son premier réflexe aurait été de se redresser vivement en regardant autour d'elle, inquiète de reprendre connaissance dans un endroit qu'elle ne connaissait pas, mais elle n'y parvint pas. Ses muscles et son esprit fatigués ne l'autorisèrent pas à effectuer une action si vive dès son réveil.
A défaut, elle se contenta de tâtonner autour d'elle sur le matelas, les paupières toujours closes. Sa main se posa rapidement sur un dos finement musclé à la peau chaude.
Yennaël grogna en se retournant vers elle pour l'enlacer, encore à moitié endormi. Au moins, elle se trouvait en compagnie d'un allié et il ne paraissait pas paniqué, au contraire. Cette constatation rassura Richa et elle se serra contre Yennaël, entourant l'une de ses jambes des siennes.
Ayant néanmoins besoin de comprendre où elle se trouvait, elle se résigna à ouvrir les yeux. La première chose qu'elle découvrit fut un ciel étoilé à quelques mètres au-dessus d'elle. Il s'agissait en réalité de la peinture ornant l'intérieur du baldaquin de l'immense lit où elle était allongée aux côtés de Yennaël.
A cette vision, elle se souvint de son arrivée au Palais Vervaïl, de son échange avec Sarrion Vervaïl, de sa révélation puis de son silence. Elle comprenait mieux d'où provenait l'épuisement qui pesait sur elle maintenant. La nuit avait été forte en émotions, la frustration l'avait également grandement fatiguée et son étreinte passionnée avec Yennaël dans la salle de bain n'avait probablement pas contribué à son repos.
Après être sortis du bassin, tous deux s'étaient séché puis avaient trouvé la chambre principale des appartements dans lesquels on les avait installés. Elle se réveillait donc dans le lit dans lequel ils s'étaient écroulés la veille.
Seul le plafond n'était pas de bois clair aux reflets dorés mais de marbre blanc. L'imposant lit à baldaquin trônait en son centre, appuyé contre le mur face à la porte. Il était certainement suffisamment large pour qu'au moins quatre personnes puissent s'y installer côte à côte. Les piliers, taillés dans la même essence de bois que le lambris et le parquet, étaient sculptés en forme d'arbre dont le détail des feuilles de chaque frondaison avait été représenté avec grande précision. L'intérieur du baldaquin était peint d'un ciel étoilé mais alors que l'aurore approchait. Les étoiles se distinguaient parmi le pourpre, le doré et le rosé du lever de soleil. Des voiles vaporeux crèmes, actuellement fixés à chacun des piliers, en tombaient, assortis aux draps qui enveloppaient Richa et Yennaël.
Une banquette, toute de bois sculpté en motifs floraux était poussée contre le pied du lit.
Une large porte en arrondi à croisillons de bois s'ouvrait au milieu du mur de droite et donnait sur un balcon qui s'avançait en ovale depuis la façade. La rambarde en marbre blanc disparaissait presque totalement sous les branches d'un rosier grimpant. Les fleurs n'avaient pas encore éclos mais en pouvait apercevoir quelques boutons entre le blanc et le rosé parmi les feuilles et les épines.
Dans l'angle que formaient le mur de droite avec celui où se situait la porte avait été aménagé en petit espace salon. Deux divans deux places, aux pieds arqués du même bois aux reflets dorés, capitonnés avec du tissu d'un vert smaragdin, qui n'était pas sans rappeler la couleur des yeux de Richa. Une table basse assortie les séparait. Un vase rond en cristal avec des incrustations en losanges en argent, vide, attendait dessus qu'on le remplisse.
Une large étagère, directement taillée dans le bois du mur, occupait presque toute la paroi de gauche. Les rayonnages étaient tous vides. Ils n'accueillaient pas même un quelconque bibelot.
Pour terminer, une porte, bien plus étroite et modeste que les deux autres, disparaissait presque dans le lambris du mur, avec lequel il se confondait, à gauche du lit.
Pour avoir rapidement exploré les lieux la veille avant de se coucher, Richa savait qu'elle donnait sur une petite pièce que, avec le vocabulaire terrien, elle aurait pu qualifier de dressing, avec des étagères, des cases de rangement et des tringles où se suspendaient des cintres. Il y avait même un paravent derrière lequel se changer. Encore une fois, aucun vêtement ne s'y trouvait. Il n'y avait que les sacs de voyage de Richa et Yennaël, qu'ils avaient rangés là.
Une chambre charmante, agréable et élégante, pourtant, il y avait quelque chose qui déplaisait à Richa. Probablement la situation.
Après plusieurs minutes à observer les lieux entre les bras de Yennaël, Richa conclut qu'il était temps pour elle de se lever. Même si elle aurait souhaité le faire, elle ne pouvait s'enfouir sous les draps durant toute la journée. L'idée d'être fille de roi la terrifiait à cause de tout ce que cela impliquait et sous-entendait, surtout si elle devait restait cacher en dissimulant sa véritable identité.
Elle n'avait pas la moindre envie d'être l'enfant illégitime jamais officiellement reconnue mais dont tous parlaient lorsqu'elle avait le dos tourné. Il lui allait pourtant falloir affronter toute cette situation, surtout si elle voulait obtenir les réponses qu'elle exigeait.
La vérité, aussi difficilement gérable qu'elle aurait pu l'être, lui semblait préférable à la frustration. De toute manière, Richa était bien trop obstinée pour renoncer ou laisser quelque chose la freiner, surtout si près du but.
S'asseyant sur le bord du lit, elle s'étira dans la lumière qui entrait à flots par la porte du balcon. Celle-ci indiquait que la matinée était déjà bien entamée.
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Le Souffle de Kaëv'ah - Tome 4 : L'Héritage du Sang [Terminé]
FantasiaLa quête de Richa sur ses origines l'emmène jusqu'aux Terres de Sang, seul royaume libre de l'influence de la Flamme Blanche mais sous le règne de Sarrion Vervaïl, vampire à la réputation inquiétante. Les découvertes qui attendent la jeune fille ris...