Chapitre 40 - Refus

26 6 4
                                    

Soulevant difficilement les paupières, Richa reconnut la chambre de Yennaël à la forteresse de la famille Lanwil. La lumière du soleil permanent était réduite par les épais rideaux tirés devant la fenêtre, créant une semi-pénombre.
Encore épuisée par la douleur, qui habitait toujours son corps, la jeune fille se retourna sur le côté en grimaçant. Encore ensommeillée, elle voulut se serrer contre Yennaël mais elle découvrit la place vide à côté d'elle.
Se réveillant complètement à cette constatation, elle se redressa sur ses bras, qui cédèrent à cause de leur faiblesse. Les séquelles du sort de torture de Mirévoyk n'avaient pas encore disparu. Son corps entier lui envoyait des ondes de douleur au moindre de ses mouvements.
S'y reprenant plus lentement pour ménager ses muscles éprouvés, elle s'assit sur le lit pour observer la chambre plus attentivement.
La pièce était dans un état identique à celui de la veille lorsque Richa s'était endormi. Rien n'avait bougé, personne n'avait entamé un quelconque rangement.
Passant la main sur le matelas à côté d'elle, elle découvrit que la place à côté d'elle était froide. Personne ne s'était allongé là depuis plusieurs heures. De toute évidence, Yennaël n'était pas rentré se coucher et avait passé la nuit à l'extérieur. A cette réflexion, l'inquiétude de Richa augmenta subitement.
La veille, elle avait souhaité attendre le jeune homme et guetter son retour depuis le lit où elle s'était étendue mais la douleur l'avait épuisée et elle avait sombré dans le sommeil malgré elle. Elle avait espéré que Yennaël l'aurait rejointe dans la nuit mais ça n'avait pas été le cas.
L'angoisse oppressa la poitrine de la jeune fille. Après la crise de Yennaël et la détresse que ce dernier avait manifesté suite à celle-ci, elle ne se sentait vraiment pas sereine de savoir que le jeune homme s'était absenté durant des heures. Elle craignait ce qui avait pu lui arriver ou faire suite à un tel événement, surtout alors qu'il subissait l'influence néfaste de sa famille et du lieu.
D'après elle, le fait qu'il ait passé ces dernières heures en solitaire n'était d'ailleurs pas une bonne chose. Il avait besoin d'une présence pour le soutenir.
Préoccupée par l'état émotionnel de Yennaël et de savoir où il était, souhaitant s'assurer et s'enquérir de comment il se portait, Richa décida d'explorer la forteresse à la recherche du jeune homme, même si elle devait ramper pour le faire.
Puisant dans la force de sa volonté, elle se leva, même si ses jambes manquèrent de se dérober.
Malgré son empressement, elle ne se précipita pas hors de la chambre. Pour commencer car ses muscles éreintés ne le lui auraient pas permis et car elle estimait qu'elle ne pouvait pas arpenter les couloirs dans ses sous-vêtements partiellement déchirés par le sort de Mirévoyk. Elle ne craignait pas de heurter ses hôtes à cause de presque nudité mais c'était qu'elle refusait que les détestables habitants de la forteresse la voient si peu vêtue. C'était pour elle.
Quittant la partie chambrée de la pièce, elle gagna la salle d'étude en vacillant.
Sa lutte contre Mirévoyk avait bien plus dérangé cette partie de la chambre. Les débris de la chaise formaient un tas éparpillé et plusieurs volumes gisaient au sol.
Avec surprise, Richa remarqua qu'on avait déposé un plateau de denrées ainsi que des vêtements sur le bureau. De toute évidence, un domestique les avait amenés mais, pour ne pas déranger Richa qui dormait encore, il avait préféré ne pas ranger immédiatement. La jeune fille ne l'avait même pas remarqué, elle qui percevait normalement toute présence qui s'approchait d'elle.
La torture de Mirévoyk l'avait laissée en plus mauvaise forme qu'elle ne le pensait.
Quoi qu'il en fût, elle avait de quoi se vêtir. Encore une fois, il s'agissait d'une robe. Le tissu était à motifs d'oiseaux amarantes sur fond vert amande. Les manches longues étaient gonflées au niveau des épaules et le décolleté carré. La jupe longue, raide et serrée, ne lui laissait pas une grande liberté de mouvements. Richa n'était pas certaine d'apprécier le style du vêtement mais elle avait de quoi se vêtir et, dans cette situation, elle n'allait pas se montrer difficile.
Sans perdre de temps et avec maintes grimaces, elle passa la robe, qui s'avérait effectivement bien peu pratique et peu confortable, surtout si elle avait à nouveau besoin de se battre. Dans la situation actuelle, il paraissait fort probable qu'elle n'allait pas rester tranquillement assise sur un divan, pourtant, avec toute la douleur saturant son corps, ça aurait certainement été le mieux pour elle.
Sans s'attarder davantage dans la chambre, elle sortit dans le couloir et commença par explorer la forteresse en se tenant au mur d'une main. Elle ignorait comment s'organiser l'édifice, ce qui allait certainement compliquer son exploration, mais elle comptait simplement suivre les couloirs en espérant croiser Yennaël sans tarder.
Descendre les escaliers dans son état se révéla être une véritable torture mais elle y parvint uniquement grâce à son obstination. Arrivée en bas des marches, elle s'appuya contre le mur le plus proche pour se reposer un peu alors que son corps lui semblait sur le point de se rompre.
Retrouvant quelques forces, elle poursuivit son chemin et déboucha dans la cour intérieure. Longeant la galerie, elle se dirigea vers l'une des autres portes qui s'y ouvraient pour accéder à une autre aile de la forteresse mais elle ne l'atteignit pas.
Entrant soudainement dans son champ de vision, Kaïn bloqua sa progression. La jeune fille grommela, n'ayant aucune envie de se confronter au frère de Yennaël.
Comptant le lui signifier sans prendre la peine de s'adresser verbalement à lui, elle alla pour se détourner et contourner le jeune homme mais, lorsqu'elle voulut se retourner, elle eut un vif mouvement de recul par réflexe en découvrant Titus qui se tenait juste derrière elle. Encore une fois, elle n'avait pas perçu sa présence, ses capacités amoindries par la douleur.
Le problème était que l'homme imposant lui bloquait toute retraite, la forçant à faire face à Kaïn.
Dans un soupir d'agacement, elle revint poser les yeux sur Kaïn en lui demandant :

Le Souffle de Kaëv'ah - Tome 4 : L'Héritage du Sang [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant