Chapitre 22 - Père et fille

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Yennaël secoua doucement Richa, allongée nue sur lui sous les draps du large lit à baldaquin. La jeune fille grogna en fronçant le nez et elle raffermit sa prise sur ses boucles rousses, les lui tirant, mais sans se réveiller. Yennaël grimaça mais se résigna à la laisser dormir.
C'était leur deuxième réveil au Palais Vervaïl. La journée de la veille avait été longue, pour l'un comme pour l'autre.
Lycien n'était pas revenu leur annoncer le résultat du sort de comparaison sanguine et Sarrion était demeuré invisible, même si Richa avait guetté devant la porte durant des heures. Seul Okda les avait rejoints pour veiller sur Richa et s'assurer qu'ils ne quitteraient pas les appartements princiers.
Le géant n'avait pas prononcé un mot sur la possible parenté entre Sarrion et Richa, ni sur aucun autre sujet d'ailleurs. Malgré l'insistance de Richa, il avait conservé le silence.
Tout ce que Richa et Yennaël avaient eu pour s'occuper avec été de converser l'un avec l'autre, tourner en rond et explorer ce qui apparaissait comme une cage dorée. Ça leur avait permis de découvrir que, en plus des pièces qu'ils connaissaient, ces appartements comportaient également deux autres chambres plus modestes que la principale, un boudoir, un jardin d'intérieur, une salle de musique, une salle d'art, une salle à manger d'apparat bien plus impressionnante que la première, un grand salon, une coursive donnant sur l'extérieur entièrement vitrée servant de couloir. Tous les meubles étaient vides en un flagrant manque d'occupation et de vie.
Malgré la taille des appartements, les explorer n'avait pas suffi à occuper leur journée.
Richa avait proposé une solution à l'ennuie en attirant Yennaël contre elle. Le jeune homme ignorait si elle avait choisi le sexe comme exutoire ou si c'était cette inactivité qui leur donnait l'occasion de profiter l'un de l'autre mais il ne s'en plaignait pas.
Ça expliquait pourquoi Richa s'agrippait à Yennaël, entièrement nue, alors que le jour se levait.
En s'endormant la veille dans les bras l'un de l'autre, ils avaient tous deux souhaité que le lendemain ne soit pas semblable à cette longue journée venant de s'écouler.
Leur vœu avait dû être entendu, quelle qu'ait été la divinité à l'écoute, car Yennaël avait été tiré de son sommeil il y avait quelques minutes par des coups frappés contre la porte donnant sur le salon.
Personne ne se présentant, Okda s'était permis d'entrer sans en avoir la permission et il s'était arrêté à la porte entrouverte de la chambre, dans laquelle il venait de tirer Yennaël de son sommeil et où Richa continuait à dormir.
Malgré ses plaintes et son énervement, Richa se sentait certainement suffisamment en sécurité au palais pour dormir si profondément de la sorte. Dans le cas contraire, elle aurait déjà bondi sur ses pieds et neutralisé Okda depuis longtemps. Même avec sa taille, il n'aurait jamais pu atteindre la chambre.
Au lieu de cela, elle grognait pendant que Yennaël s'efforçait de la réveiller. Okda patientait de l'autre côté de la porte, attendant que Richa soit en état de l'accompagner, n'osant pénétrer dans la chambre alors qu'elle était ainsi occupée.
Dans un soupir, Yennaël abandonna ses tentatives et annonça à Okda qui attendait :

« Bon, elle ne se réveille pas. Elle a le sommeil plus lourd que je ne l'aurais pensé. Je ne sais pas quoi faire.

– Monsieur Sarrion l'attend. Répéta Okda.

– Vous me l'avez dit mais, à moins de la transporter sous votre bras encore endormie et sans vêtement, il va devoir attendre. Navré.

– Ce rendez-vous peut peut-être être reporté.

– Ce serait dommage. Elle ne cesse de réclamer à le voir. Elle risquerait de devenir folle en apprenant qu'il voulait la voir mais qu'elle dormait.

Refermant les bras autour de Richa, Yennaël roula sur le côté en la faisant basculer.
Le soudain mouvement tira la jeune fille de son sommeil et elle se réveilla avec un léger cri de surprise. Y réagissait vivement, Okda écarta la porte d'un coup d'épaule pour se ruer dans la chambre, la main sur le pommeau de son épée, par réflexe. Sachant qu'aucun danger n'avait pu survenir dans la pièce et constatant que tout allait bien, il quitta la chambre en s'excusant, le regard bas et les oreilles rougies.
Peinant à associer ses pensées après ce réveil brutal, Richa regarda autour d'elle. Elle reconnut la chambre qu'elle occupait depuis peu au Palais Vervaïl puis son regard se posa sur Yennaël, qui se trouvait au-dessus d'elle avait un sourire amusé.
A partir de ces observations, il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que son amant était le responsable de cette soudaine interruption de son sommeil. La lui reprochant, elle lui décocha un léger coup de poing dans l'épaule.
La voix encore ensommeillée, elle lui demanda :

Le Souffle de Kaëv'ah - Tome 4 : L'Héritage du Sang [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant