Chapitre 28 - Réunion de famille

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A la suite d'Okda, qui ne lui donna aucune précision sur les raisons qui requéraient sa présence, laissant construire des hypothèses en s'inquiétant, Richa quitta le secteur religieux du palais pour monter de plusieurs étages jusqu'à l'aile des invités. Richa fronça les sourcils à cette constatation. Qui pouvait séjourner au palais et souhaitait la voir ?
N'ayant aucune explication de la port d'Okda, elle dut attendre d'arriver dans un salon, meublé de trois divans et d'une longue étagère où alternaient ouvrages et bibelots, pour commencer à comprendre ce qu'il se passait.
Sarrion se trouvait dans la pièce, ce qui ne surprenait guère Richa. Le souverain était en pleine conversation avec une femme que la jeune fille n'avait jamais rencontrée mais qu'elle avait déjà vue.
Si elle était grande, sa carrure était en revanche difficile à évaluer à cause des couches de jupons, des broderies et des superpositions de tissus qui composaient la riche robe argentée et bleu cobalt qu'elle portait. Une tiare ceignait son front blanc, une bande d'or ondulée, dont l'arrière s'élargissait pour former une structure qui emprisonnait sa chevelure, blond vénitien, qui semblait partiellement décolorée, en une coiffure complexe.
Son visage paraissait taillé dans l'albâtre, que ce soit par la blancheur de son teint, par la symétrie et l'élégance de ses traits ou par la froideur qui s'en dégageait.
Malgré la poudre et le maquillage qui les recouvraient, quelques taches de rousseur apparaissaient sur sa peau.
Son comportement véhément, parlant fort, ou même hurlant, avec de grands gestes, contrastait avec l'attitude calme et posée de Sarrion, qui ne se départissait pas de son impassibilité.
Deux autres visages dans la pièce n'étaient pas familiers à Richa. Le premier appartenait à un jeune homme installé sur l'un des divans. Son teint était également d'albâtre et ses traits comme sculptés par un quelconque artiste. Ses cheveux noirs peignés en arrière luisaient à cause de la couche de cire qui les gardaient ainsi disciplinés, s'accordant parfaitement à l'allure guindée que lui conférait son costume de velours rouge parfaitement coupé, assorti au jabot de soie noire fermée par une broche de rubis.
Il opinait aux propos de la femme, dont il possédait d'ailleurs les yeux gris foncé, sombres et ternes.
La dernière des personnes méconnues était une jeune femme assise sur le divan le plus éloigné de l'endroit où se menait la conversation, dont elle se tenait en retrait. A la place, elle échangeait avec Yennaël dont elle paraissait boire les paroles.
Ses cheveux roux, tombant sur ses épaules et coupés en une frange épaisse sur son front plutôt haut, avaient une teinte plus foncée que la femme. Comme les deux autres, son visage semblait également fait d'albâtre ou de marbre, mais il était éclairé par un large sourire. Ses taches de rousseur demeuraient parfaitement visibles sur sa peau blanche.
Sa robe, bien que précieuse, était bien plus simple que celle de la première femme.
Ses yeux écarlates la désignaient comme une vampire, tout comme les canines qui pointaient entre ses lèvres, semblables à celles dans la bouche de celle qui avait la parole. Richa était certaine que, si le jeune homme ouvrait la bouche, une dentition identique se dévoilerait.
La jeune fille n'en était nullement surprise. Au contraire, elle trouvait ça parfaitement logique. Après tout, ces trois-là appartenaient à la famille Vervaïl, ils en possédaient d'ailleurs les pommettes hautes et marquées, même si la branche dont ils descendaient s'éloignaient légèrement de celle dont était issue Richa et qu'ils ne portaient pas ce nom.
Elle le savait car elle l'avait appris en étudiant les arbres généalogiques de la famille. Grâce aux portraits, elle connaissait l'identité de ces trois personnes sans qu'on ne les lui présente.
La femme qui s'emportait face à Sarrion se nommait Damisska Rekialrik, la sœur de Rekialr, ancien souverain des Terres de Sang et grand-père de Richa. Sa fille aînée, Rukménire, était la jeune femme souriante conversant avec Yennaël et son fils cadet, Oskkar, était évidemment le jeune homme qui approuvait ses dires depuis l'un des divans.
Richa croyait se souvenir que cette grand-tante possédait le titre de duchesse et que son duché se situait dans l'Archipel de Sang, au nord des côtes des Terres de Sang.
Certainement s'étaient-ils tous trois pressé de faire le voyage jusqu'à la capitale lorsque la rumeur d'une enfant illégitime leur était parvenue. A moins que ce ne soit Sarrion qui les ait avertis.
A l'entrée d'Okda et Richa, Yennaël releva le regard sur cette dernière et lui adressa une moue éloquente sur son envie d'être ailleurs alors qu'il se trouvait au milieu de ces affaires de famille qui ne le concernaient pas directement.
Suivant son regard, Rukménire se retourna vers la porte et avisa Richa à son tour. Ses yeux écarlates la détaillèrent puis son sourire s'élargit encore davantage, démesuré.
Les autres, en revanche, ne l'avaient pas remarquée, emportés par leur conversation houleuse. Pour leur signaler leur présence, Okda se racla la gorge, interrompant leur discussion agitée.
Se taisant, Damisska vrilla son regard sur Richa et le rictus qui déforma ses lèvres suffit à la jeune fille pour deviner quelle était sa position sur la situation. La manière méprisante dont Oskkar pouffa indiqua à Richa qu'elle n'aurait aucun soutien de sa part non plus.
Sarrion ouvrit la bouche pour l'accueillir et faire les présentations mais Damisska le prit de vitesse en sifflant à l'adresse de Richa :

Le Souffle de Kaëv'ah - Tome 4 : L'Héritage du Sang [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant