À Whitesboro, les Black Bikers sont toujours la loi.
Jordan Pierce, jeune étudiante en biologie à l'université de Denton, travaille dans un bar à thé pour financer sa vie, à Whitesboro. Après une nuit terrible, quatre ans plus tôt, elle est persuadé...
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Je ne sais pas comment ça marche. Je suis simplement assis dans cette chaise depuis des heures, sans savoir ce que je fous réellement ici. Après neuf heures de route, j'ai mal au cul, j'ai faim, j'ai soif. Pourtant, la seule chose qui tourne en rond dans ma tête, ce sont les larmes d'April quand je suis arrivé chez elle cette nuit. La culpabilité, la tristesse, la colère qu'elle ressentait. J'avais envie de m'arracher le cœur et le remplacer avec le sien.
Depuis qu'on est entrés dans l'hôpital, je sens l'angoisse me retourner l'estomac. Bien qu'elle ait des parents présents dans sa vie, elle vient d'une famille de classe moyenne, qui n'a pas les revenus pour payer un tel prix pour un avortement. Tout ce qui sera payé ici viendra de la poche d'April.
Sans l'aide de ce fils de pute de Deacon. En plus de l'abandonner psychologiquement pour protéger son futur, il ne lui offre aucune aide financière non plus. Alors que c'est son sperme.
Je ressens à nouveau tellement de colère contre lui que je ne peux pas penser correctement. J'ai envie de rentrer à Denton et lui éclater la gueule sans pouvoir m'arrêter, parce qu'il le mérite. Il mérite de souffrir autant qu'il fait souffrir April.
— Spencer Wright ?
Je relève la tête pour croiser le regard d'une infirmière qui esquisse un sourire. En regardant autour de moi, je réalise qu'il fait nuit. Je suis ici depuis combien de temps ? Nous sommes arrivés dans la matinée, en partant dans la nuit d'hier. On dirait que ça fait pratiquement vingt-quatre heures que je suis assis sur cette chaise.
Je me lève pour la rejoindre alors qu'elle tente de m'apaiser avec un sourire.
— Votre amie va bien. Son intervention s'est bien déroulée. Elle est réveillée. Voulez-vous la voir ?
— S'il vous plaît.
Elle a demandé la voie instrumentale plutôt que médicamenteuse. Elle ne voulait pas prendre le risque d'ingérer un médicament et apercevoir le fœtus au détour d'un pipi. Elle flippait rien qu'à l'idée de voir quoi que ce soit. Et puis, elle est encore traumatisée par les derniers médicaments qu'elle a pris.
L'infirmière me guide donc à travers les couloirs jusqu'à s'arrêter devant une porte, sur laquelle elle tape trois petits coups. Elle attend quelques secondes avant d'ouvrir et je découvre aussitôt April, allongée dans le lit, les yeux fixés sur le plafond. Il lui faut quelques secondes pour baisser son regard sur moi, mais dès lors, je vois son visage se briser.
— Spencer...
Je cours jusqu'à elle, pour la presser contre moi, lui caresser les cheveux, alors qu'elle explose en sanglot contre ma poitrine. Elle paraît si faible, si fragile, que j'ai peur de la serrer trop fort et de la briser encore davantage.
— Comment tu vas ? Comment tu te sens ? Ça va ?
Elle secoue la tête en sanglotant, avant de relever le visage vers moi.
