Chapitre 8

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La première année, c'était deux fois par semaine

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La première année, c'était deux fois par semaine. Puis, c'est passé à une seule fois. Petit à petit, j'en ai eu marre et j'ai commencé à demander seulement toutes les deux semaines. Maintenant, c'est tous les mois.

J'ai fini par apprécier la docteure Atkins au fil des mois. Dès mon arrivée à Sadler, j'ai été contrainte de venir ici, mais j'ai fini par m'y habituer. Elle est gentille. Elle m'écoute et je pense vraiment qu'elle m'aide.

Doucement, mais sûrement.

Quatre ans que je la vois et je peux aujourd'hui dire où sont mes problèmes. Je ne sais pas encore comment les résoudre, mais je sors petit à petit du déni de ma propre vie. Pouvoir poser des mots sur ses fêlures, c'est aussi réconfortant quelquefois.

— Votre père est donc parti hier. Comment vous sentez vous ?

Je hausse les épaules. Je fixe le mur derrière elle, puis lève la tête vers le plafond. Tout est blanc dans son bureau, c'est assez déstabilisant.

— Ça va. Il m'a dit qu'il me dirait quand il rentrerait. Il va donc rentrer.

— Vous pensiez qu'il ne reviendrait pas ?

Je ne dis rien, continue de fixer le plafond, avant de pousser un soupir.

— Je sais, je pensais que mon père ne reviendrait pas, parce que ma mère est partie aussi sans revenir. Blablabla. Je sais tout ça. La question n'est pas : qu'est-ce que je pense, mais plutôt : comment je peux faire pour penser autrement ?

Je plonge mon regard dans le sien alors qu'elle me sourit en secouant doucement la tête.

— J'ai refait des cauchemars depuis qu'il m'a dit qu'il partait. Je n'en avais pas refait depuis des semaines, mais c'est revenu le soir où il m'a dit qu'il allait rendre visite à la famille. Depuis, j'en fais tous les soirs.

— Que se passe-t-il dans vos rêves ?

— Je revois la nuit de l'incendie, je revois Logan, Lindsay et Susan. Je revois mon père. Puis, après, c'est flou, je ne vois plus rien, mais j'ai l'impression que les odeurs se multiplient et compriment mes poumons. Je ne respire plus à cause de la fumée, alors je me réveille en sursaut. Et ça se répète.

— Il y a des changements chaque nuit ou c'est toujours la même chose ?

— Quelquefois mon père rentre et nous retrouve comme il l'a vraiment fait. Quelquefois... il ne vient pas et nous mourrons tous.

— Nous en avons déjà parlé, mais penses-tu qu'il est fautif ?

— Non.

— Pourtant, s'il n'était pas rentré, peut-être que le feu ne se serait pas déclaré.

— Et alors ? Il s'est déclaré parce que j'ai été assez bête pour organiser cette fête débile. Ce n'est pas sa faute. Sa seule erreur aura été de me faire voir le jour.

Black Bikers, Tome 5 : La souris abimée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant