Chapitre 13

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Le sommeil ne vient pas

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Le sommeil ne vient pas. Je fixe le plafond depuis déjà une demi-heure, sans réussir à m'endormir. J'entends Jordan dormir tranquillement, à l'autre bout du canapé, alors que je fixe le plafond. Elle s'est endormie devant un épisode, mais si je pensais que la fatigue finirait par m'atteindre, j'ai eu trop d'espoir.

Ma tête n'arrive pas à s'éteindre. Tout tourne sans arrêt.

Alors, je finis par me redresser pour sortir du canapé et m'occuper avant de devenir fou. J'ai besoin de prendre l'air.

Avant de partir, je replace correctement le plaid sur Jordan, la regarde dormir une seconde pour voir l'apaisement sur son visage. C'est doux. Ça me paraît étrange de la regarder comme ça, mais c'est si rare de la voir aussi apaisée que ça me fait du bien.

Puis, je m'approche de la porte. Ce n'est qu'une fois dehors que je réalise avoir oublié mon cuir à l'intérieur, mais j'ai trop peur de la réveiller en revenant, alors je reste simplement là, assis sur les marches du porche, à attendre. Je ne sais pas ce que j'attends, mais prendre l'air semble me faire du bien.

Je prends une longue inspiration et garde les yeux fermés plusieurs secondes, pour profiter de ce calme et de cette tranquillité.

Depuis que j'ai emménagé dans le centre-ville de Whitesboro, je n'ai plus ces moments de purs calmes, ou moins souvent. Chez ma mère, qui habite dans les quartiers résidentiels, c'est beaucoup plus calme. Mais de mon appartement, j'entends tout dès que j'ouvre la fenêtre.

Alors, ici, à Sadler, ça fait du bien de retrouver un peu de ce silence propre à la nature. Je n'entends rien d'autre que le vent et le bruissement des feuilles au loin. C'est tout. Et ça fait un bien fou.

J'ai l'impression que ça apaise mon âme et mon esprit qui font trop de bruit. Je n'arrive plus à me concentrer parce que je pense à trop de choses en même temps : April, le président, le Nouveau-Mexique, Deacon, l'avortement, le club, les études... Tout me revient dans la tête et je ne sais juste plus comment réfléchir correctement.

Je m'inquiète pour April, par-dessus tout. Le problème du club et du départ du président paraît soudainement illusoire face à la réalité. April est face à un dilemme qui semble la briser et je la comprends.

Je ne pourrais jamais me mettre à sa place, en tant que femme qui doit décider pour son propre corps à l'idée d'un avortement, mais je vois à travers son regard à quel point elle se sent perdue.

Surtout à cause de nos lois. Combien de femmes ont eu la même pensée qu'elle ? Combien ont pensé que la loi était finalement faite pour une bonne raison ? Combien ont gardé un bébé par crainte ou par obligation, alors qu'elles n'étaient pas capables de l'élever ?

Quand je ne peux pas m'imaginer à la place de l'autre, j'essaie de me dire : qu'est-ce que ma mère ferait ? Qu'est-ce que je devrais faire si ça arrivait à ma propre sœur ? Si dans dix ans, Ruby m'appelait pour me dire qu'elle était enceinte, comment je pourrais réagir pour l'aider ?

Black Bikers, Tome 5 : La souris abimée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant