Depuis ce week-end, j'ai l'impression que Trevor me fuit. Il ne vient presque plus en cuisine pour récupérer des plats et demande à Louisa de le faire à sa place, en prétextant être trop occupé en salle. Même si nous avons parlé de la fête dès le lendemain, mettant les choses à plat, dès que je croise son regard je revois une émotion que j'ai trop connue.
De la pitié. Avec un mélange de culpabilité.
Et je déteste ça.
Après un énième passage de Louisa, je pousse un soupir et croise les bras sur ma poitrine en m'appuyant contre un plan de travail. Dès qu'elle me voit ainsi, elle arque un sourcil en récupérant malgré tous les gâteaux que j'ai préparés.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
Je hausse les épaules et lance un coup de menton en direction de la porte menant vers la salle, comme si elle pouvait comprendre. Ce qu'elle fait aussitôt, en esquissant un sourire.
— Vous vous êtes disputés ?
— Non.
— Alors, c'est quoi le problème ?
— Aucune idée, c'est ça le véritable problème. Il me fuit comme la peste.
— Vous en avez discuté ?
— Oui, et je pensais qu'on avait justement réglé le problème, mais non. Il agit comme un gamin.
Elle laisse échapper un rire et hausse les épaules.
— Débrouillez-vous, les enfants. Tant qu'il n'y a pas de problème ici, je ne m'en mêle pas.
— Super, merci, Lou. Heureusement que tu es là !
Mon ironie la suit dans un éclat de rire alors qu'elle sort de la cuisine. J'ai l'impression qu'elle ne s'en mêlera vraiment pas, jusqu'à ce que, dix minutes plus tard, Trevor passe la porte. Il a l'air grognon, et j'imagine aussitôt que Louisa l'a poussé à venir, mais je ne m'en formalise pas. Même s'il ne veut pas, il va bien falloir qu'on mette les choses à plat.
Il jette un coup d'œil vers le four où sont en train de cuire des cookies et y reste focalisé, pour éviter mon regard.
— Les cookies sont bientôt prêts ?
— Tu comptes me regarder dans les yeux un jour ou les cookies sont trop importants pour toi ?
Il me lance un regard, mais revient vite vers le four.
— Les clients attendent.
— Ils sont bientôt prêts, alors pendant l'attente, tu peux me dire ce qu'il t'arrive ?
— Appelle-moi quand ils sont prêts.
Il commence à se retourner, prêt à partir, quand je fronce des sourcils et lui envoie un torchon dessus.
— Oh ! Pourquoi tu pars ? On parle.
— Jordan...
— Quoi ? Tu m'évites depuis ce week-end et tu me regardes comme si j'étais la plus pitoyable des personnes. Tu pourrais au moins me le dire en face.
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Black Bikers, Tome 5 : La souris abimée
RomanceÀ Whitesboro, les Black Bikers sont toujours la loi. Jordan Pierce, jeune étudiante en biologie à l'université de Denton, travaille dans un bar à thé pour financer sa vie, à Whitesboro. Après une nuit terrible, quatre ans plus tôt, elle est persuadé...