Chapitre 9

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La lueur pâle de l'aube commençait à filtrer à travers les fenêtres étroites de la pièce, baignant doucement les murs en pierre dans une lueur bleutée. Le sol était frais sous le poids de son corps, et la sensation froide la fit frissonner au moment où elle commençait à reprendre conscience. Son esprit était encore embrouillé, les événements précédents semblaient flous et lointains, comme si elle les observait à travers un voile.

Les premières sensations qui revinrent furent celles de la douleur lancinante dans sa tête et des battements sourds de son cœur. Elle cligna des yeux, cherchant à dissiper le brouillard qui enveloppait son esprit. Peu à peu, la réalité commença à s'imposer à elle. Des bribes de mémoire fragmentées se rassemblèrent, formant un tableau inquiétant : des acclamations, une alerte, la panique, le sang, la rage, des manteaux rouges, un combat.

Et puis vint le souvenir de l'impact brutal, le choc violent qui l'avait plongée dans l'obscurité. Elle avait été assommée. Par des Écarlates. Elle tenta de bouger, mais se rendit compte qu'elle était fermement attachée à une chaise, les poignets et les chevilles entravés par des cordes rugueuses. Son pouls s'accéléra, la panique commençant à prendre le dessus sur la douleur lancinante dans sa tête.

La pièce était spartiate, dénuée de tout confort. Les murs en pierre étaient nus, à l'exception de quelques torches qui projetaient des ombres dansantes. Et tout autour d'elle se tenaient les gardes, leurs regards froids fixés sur elle. Leurs manteaux d'un rouge sinistre apportant un peu de couleur dans cette pièce sommaire.

Evangéline tenta de parler, mais sa gorge était sèche et douloureuse. Seuls quelques gémissements étouffés émergèrent de sa bouche. Les gardes ne montrèrent aucun signe de compassion, leurs expressions demeurant imperturbables. L'un d'eux fit un pas en avant, ses bottes claquant sur le sol de pierre, et se pencha légèrement vers elle.

« Réveillée, enfin ? dit-il d'une voix glaciale. »

Elle essaya de répondre, mais sa voix ne produisit qu'un son rauque et inintelligible. Le garde esquissa un sourire méprisant, comme si sa détresse lui procurait une satisfaction personnelle.

« Tu n'es pas en position de faire des demandes, maintenant, ajouta-t-il, sa voix empreinte de menace. »

Elle en était presque exaspérée. Elle lui aurait craché au visage s'il ne s'était pas reculé pour prendre un dossier des mains de l'un de ses camarades.

« Evangéline Lirian, lut-il, fille adoptive de Rose Lirian, 20 ans. Officiellement vous travaillez à La Rose Écarlate sous le nom de Lily, mais nous avons été ravis de savoir que votre visage se cachait derrière le masque de l'Ange des Arènes, l'un des piliers des combats clandestins. Mais votre dossier ne s'arrête pas là. Qu'avons-nous là... Tromperies, mensonges, vol et oh ! Une jolie coïncidence, vous êtes accusée d'avoir assassiné Charles de Bossak, récemment retrouvé mort dans les rues du Quartier des Plaisirs, juste après avoir passé la nuit avec vous. »

Merde. Mama était supposée leur mentir, comment est-ce qu'ils avaient pu savoir qu'il était avec elle ? Charles avait-il parlé d'elle comme l'avait prédit Mama ? Merde, merde et encore merde.

« C'est une jolie liste que vous avez là, plaisanta-t-elle. Où sont vos preuves, l'Écarlate ? »

Elle haussa un sourcil en signe de défi. Il la toisa un instant et ferma son dossier.

« Nous vous avons arrêtée alors que vous étiez en train de battre à mort un homme.

–Il me devait de l'argent, tenta-t-elle.

–Vous avez volé à plusieurs reprises au marché il y a quelques jours et vous êtes enfuie tandis que mes hommes vous pourchassaient.

–Moi qui pensais qu'ils me couraient après parce qu'ils me trouvaient séduisante...

La Cité de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant