Chapitre 34

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« Je peux mourir en paix à présent. J'ai eu la chance de voir le visage de l'Ange des Arènes. Et je comprends maintenant pourquoi Raul a décidé de t'appeler comme ça. Ta beauté est celle d'un ange.

–Tu n'es qu'un beau parleur, Aroll Valind.

–Un beau parleur qui se met à genoux devant toi. »



La vision d'Aroll pendu au mur figea Evangéline dans un étau glacial. Son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine alors que l'horreur se dessinait sur son visage. Un cri étouffé menaça de s'échapper de sa gorge, mais elle le réprima, serrant les poings pour contenir l'onde de choc qui la submergeait.

Il avait été pendu, comme un traître, et laissé aux yeux de tous.

La première pensée d'Evangéline se porta sur les Écarlates. Elle leur avait donné son nom et l'endroit où il s'entraînait. Mais elle la réprima rapidement. Les Écarlates l'auraient emprisonné pour le faire parler, comme ils l'avaient fait avec elle.

Elle tituba en avant, les yeux toujours rivés sur son cadavre. Son visage autrefois vibrant de vie était figé dans une expression indéchiffrable. L'horreur et la confusion se mêlaient dans l'esprit de la jeune femme, et elle ressentit un frisson glacial parcourir son échine, lorsqu'elle remarqua un motif qu'elle connaissait que trop bien.

Sur son torse nu avait été gravé dans sa peau l'emblème du Baron à l'envers. Eva avait rarement vu ce genre de pratique, mais elle l'avait déjà vu. Car c'était le sort que réservait la Baron à ceux qui osaient le trahir.

Elle s'arrêta, ses yeux ne quittant pas cet insigne ensanglanté. Quelques larmes menaçaient de couler mais elle les retint.

Son souffle se faisait saccadé, et le mur lui-même semblait se refermer sur elle, comme s'il avait choisi de conspirer contre sa tranquillité. Les pensées tourbillonnaient dans sa tête, une tempête d'émotions déchirantes. Elle s'était persuadée que la vie d'Aroll aurait pu être épargnée, s'il avait décidé de parler. Mais là, devant elle, gisait la preuve cruelle de la réalité implacable de leur monde. Si seulement le Baron ne s'en était pas mêlé.

« Non... Non, non, non, marmonna-t-elle, sa voix à peine audible. »

Ses doigts tremblaient tandis qu'elle s'approchait du corps inerte. Les mains de son ancien amant pendaient sans vie. Une boule d'amertume se forma dans sa gorge, menaçant de l'étouffer.

Un frisson glacial lui parcourut l'échine à nouveau quand elle se rendit compte que cette scène macabre n'était pas seulement une tragédie personnelle, mais aussi un message sinistre. Le Baron avait choisi d'exposer le corps d'Aroll avec l'emblème inversé, une déclaration morbide de trahison.

Evangéline vacilla, cherchant du soutien dans un monde qui semblait s'effondrer autour d'elle. Des pensées confuses se bousculaient dans son esprit, oscillant entre la vengeance et le désespoir.

Une main se posa sur son bras alors qu'elle peinait à retrouver une respiration normale. Ce simple contact la ramena à la réalité.

Landon se trouvait à côté d'elle, cherchant à capter son regard. Autour d'eux, les Écarlates s'activaient pour dissiper la foule. Des ordres étaient criés. Tout le monde devait rentrer chez soi. On poussait les gens dans l'autre sens, braquait des armes sur eux pour les faire avancer. Et contre le mur, le corps d'Aroll se balançait.

Les lèvres de Landon bougeaient mais elle ne l'entendait pas. Son esprit était enveloppé d'un voile de chagrin et de rage, qui étouffait chaque son, chaque mot. Ses yeux restaient fixés sur le corps inerte d'Aroll, et elle sentit la main de Landon sur son bras, une ancre dans cette tempête émotionnelle dévastatrice.

La Cité de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant