Chapitre 10

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LANDON


Landon traversa les couloirs de la caserne comme une furie. Comment est-ce que les choses avaient pu dégénérer aussi rapidement ? Deux heures plus tôt, le lieutenant Darnell le félicitait pour l'organisation de la descente dans les arènes souterraine et la capture de deux combattants, dont l'Ange elle-même.

Et puis ils lui avaient ôté son masque. Il l'avait immédiatement reconnue. La femme qui s'était jetée sur lui quelques jours plus tôt. Remplie de sang et dans une tenue indécente. Il avait espéré qu'elle ne le reconnaisse pas, qu'il n'ait été qu'un figurant oubliable dans son quotidien.

Il avait retenu sa respiration lorsqu'elle s'était enfin réveillée. Il s'était fait discret, pour ne pas attirer son attention. Mais elle avait fini par le remarquer et il sut, à l'instant où ses yeux étranges s'étaient posés sur lui, qu'elle l'avait reconnu. Mais jamais il n'aurait pu anticiper qu'elle sortirait une telle... bombe.

« Pourquoi est-ce que tu n'as rien dit ? Tu aurais pu leur dire qu'il ne s'était rien passé entre nous. »

Oui il aurait pu, mais il avait pensé faire un bon geste, tendre la main à quelqu'un qui en avait besoin. Mais finalement, elle s'était avérée être exactement comme tous les habitants des Bas-Fonds. Une menteuse prête à se servir de la moindre faille pour arnaquer ceux qui étaient prêts à l'écouter.

« Ça, c'est l'une de mes petites combines. Secret professionnel. »

Il ne comprenait pas comment elle avait fait. Elle n'avait rien sur elle, ses hommes l'avaient fouillée avant qu'elle ne se réveille. Aucune arme, aucune substance, aucune plante. Rien. Alors comment avait-elle réussi à changer la couleur de cette fichue plante et embobiner tout le monde ? Ça n'avait aucun sens.

Mais son travail lui avait appris que les gens d'en bas avaient beaucoup plus de ressources que ce qu'ils laissaient penser. Elle avait trouvé une astuce, une combine pour les piéger. Restait à savoir quoi.

Et ses yeux étaient étrange, la façon dont elle observait ce qui l'entoure, c'était anormal. Elle donnait l'impression de voir par-delà les choses. Il n'aurait su l'expliquer. Peut-être était-ce leur couleur si particulière qui lui donnait cette impression. Un bleu froid, glacial, trop clair, trop... voyant. Il avait l'impression de les avoir déjà vu quelque part, sans savoir remettre un visage.

Il secoua la tête. Il devait arrêter d'y penser. Se torturer l'esprit ne l'avancerait à rien et il était certain qu'elle se réjouirait de savoir qu'il le faisait. Ça avait bien l'air d'être son genre.

Et maintenant, il allait devoir affronter les railleries de ses hommes. Pitié que cette journée se termine.

Il poussa les portes de la cafétéria, parce qu'il savait qu'il les trouverait à cet endroit, en train de discuter et boire. Et ça ne loupa pas. Ils étaient assis à leur table habituelle, cartes en main. Bat fut le premier à le remarquer.

« Regardez qui voilà ! Le Détrousseur des Arènes ! Toute la caserne ne parle plus que de ton exploit !

–Lequel ? »

Gauvin frappa Milon derrière la tête et ce dernier s'étouffa dans sa bière puis jura.

« Gauvin, lança Landon en s'arrêtant au bout de la table. J'aurais besoin de ton aide.

–Pour des conseils de couple ? Se moqua Bat.

–Tu nous avais bien caché ça d'ailleurs, renchérit Milon. On croyait que tu allais dans les Bas-Fonds pendant tes jours de congés parce que tu ne peux pas te détacher de ton boulot, mais en vérité tu allais voir cette fille, hein ? »

La Cité de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant