Chapitre 12

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« Non, tu ne viens pas. »

Cela faisait bien dix minutes qu'ils se disputaient pour une stupide raison. Landon partait s'entraîner et voulait qu'Evangéline reste l'attendre bien sagement dans la chambre. Eva, elle, voulait venir pour découvrir davantage la caserne et évaluer les véritables compétences des hommes qui l'entouraient. Enfin, officieusement.

« Je déteste être seule, se plaignit-elle. Je vais me mettre à fouiller partout dans cette chambre pour ne pas devenir folle. »

Il lui lança un regard noir en finissant de boutonner son manteau rouge.

« Il n'y a rien à fouiller, répliqua-t-il. Tu restes. »

Elle fit claquer sa langue d'agacement. Il était intraitable et bien énervé depuis le réveil. Et elle était certaine que c'était à cause d'elle.

« On a une enquête à mener je te rappelle, tenta-t-elle.

–Après mon entraînement. Je viendrais te chercher. »

Il saisit son épée qu'il ne prit pas la peine d'accrocher autour de ses hanches, et referma le placard. Elle se laissa dramatiquement tomber sur le lit, en soupirant profondément.

« Que mon prince charmant vienne me sauver, on m'enferme dans cette tour bien gardée dans laquelle je ne puis m'exprimer. Quand viendra-t-il, sur son beau cheval blanc, me délivrer du mal qui me confine ? Du monstre habillé de rouge qui me garde pour lui-seul ? »

Elle posa une main sur son cœur et l'autre sur son front, feignant la demoiselle en détresse. Du coin de l'œil, elle fit Landon la fixer d'un air contrit, peu impressionné par sa performance pourtant larmoyante.

« Si je vois ton prince charmant, je lui dirais de monter directement, lança-t-il. Qu'il me délivre moi aussi du mal qui me ronge. »

Elle se redressa subitement, faussement choquée, tandis qu'il ouvrait la porte pour sortir.

« Je te manquerai, Landon Avilliers. Et mes fesses aussi ! »

Elle eut à peine le temps de voir ses oreilles rougir qu'il était déjà parti, claquant la porte derrière lui. Elle resta un moment sans bouger, écoutant ses pas dans le couloir pour s'assurer qu'il était bien loin. S'il pensait qu'elle allait rester bien sagement à l'attendre ici...

Elle sauta sur ses deux pieds, entre-ouvrit la porte et passa la tête dans le couloir. Une mèche bouclée retomba sur son front mais il n'y avait personne à l'horizon. Alors elle s'éclipsa et s'en alla vers la droite, puisque Landon était parti de ce côté.

La cour qui était visible depuis la chambre de Landon n'était pas celle où il s'entraînait, ça elle le savait. Alors elle n'avait aucune indication sur la position de ce fameux endroit. Elle reproduit le chemin de la veille jusqu'au réfectoire, pour descendre au rez-de-chaussée, et s'arrêta devant la double porte.

Quitte à être là, autant subtiliser un peu de nourriture. Alors elle s'infiltra dans le réfectoire, vérifia qu'il n'y avait personne et vola une pomme dans les cuisines.

Armée de son fruit, elle reprit son chemin dans les couloirs, qui ressemblaient davantage à un labyrinthe, de la caserne à la recherche de la fameuse cour. Elle écoutait aux portes, pour savoir à quoi les pièces correspondaient, et les ouvrait lorsqu'elle n'entendait rien. Elle tomba sur des bureaux, une bibliothèque poussiéreuse qui ne devait pas beaucoup servir, quelques placards à balais plus ou moins remplis, et des pièces fermées à clé.

À force de chercher, elle tomba enfin sur une porte qui la mena vers l'extérieur. Mais pas de chance, c'était la cour de l'entrée de la caserne. Tous les soldats de garde se tournèrent pour la regarder. Elle leur sourit, faisant comme si elle était parfaitement consciente de là où elle se trouvait.

La Cité de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant