Chapitre 13

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Evangéline se mit à siffler en s'arrêtant devant la maison de ville de Charles de Bossak. Ou plutôt son manoir. La façade blanche était agrémentée de colonnes sur lesquelles était enroulé du lierre et dessiné des motifs colorés. La maison était la définition même de l'originalité. Certains toits étaient ronds, d'autres pentus, les larges fenêtres étaient tantôt arrondies, tantôt triangulaires. Il y avait des balcons et des terrasses un peu partout, des vérandas et autres loggias. Comme si des pièces avaient été progressivement ajoutées avec les années.

Mais étonnamment, le manoir était magnifique. Et respirait l'opulence.

« Si j'avais su, lança-t-elle, j'aurais fait durer la chose plus longtemps. »

Landon se tendit à côté d'elle.

« S'il te plait, ne dis rien de la sorte devant madame De Bossak. »

Elle leva les yeux au ciel.

« Dommage, je pensais que si j'avouais être la prostituée avec qui il avait passé sa dernière nuit et certainement la femme sur laquelle il se touche depuis des semaines, elle serait plus à même de répondre à mes questions. »

Elle lui lança un regard en coin avant de se diriger vers les marches de la maison. Quelques Écarlates montaient encore la garde dans la rue et sur le perron, assurant la sécurité de la récente veuve. Ils saluèrent Landon en le reconnaissant et regardèrent avec méfiance et curiosité la jeune femme qui marchait devant lui.

« Juste pour anticiper, fit-elle en se penchant vers Landon, comment est-ce qu'elle est ? »

Landon frappa à la porte et croisa ses mains dans son dos, le menton relevé.

« En deuil. »

Evangéline lui lança un regard noir. Merci beaucoup.

Elle s'apprêtait à lui balancer une remarque cinglante lorsque la porte s'ouvrit sur une dame habillée d'une riche robe noire, avec plusieurs couches de jupes et de froufrous qui lui faisaient un fessier énorme.

« Madame De Bossak, la salua Landon en inclinant la tête. Je suis le major Avilliers de la division des Bas-Fonds. Nous sommes venus vous poser quelques questions sur votre mari et apporter un œil nouveau sur les recherches. »

La femme acquiesça en tapotant son mouchoir sous ses yeux rougis. De ce que Charles lui avait laissé penser, leur mariage n'avait pas résulté à de l'amour, alors pourquoi est-ce qu'elle était dans un état pareil ? Evangéline plissa les yeux. Elle pouvait très bien jouer la comédie pour ôter la moindre suspicion à son encontre. Mais Eva n'était pas dupe, elle n'écartait pas cette possibilité.

« Bonjour major, répondit la veuve, je suis soulagée de voir que l'enquête avance. Qui est-ce, avec vous ?

–Mon assistante, répondit Landon sans laisser le temps à Evangéline de réagir. Nous travaillons ensemble sur le meurtre de votre mari. »

La veuve la toisa d'un air méfiant. Evangéline lui adressa un fin sourire qu'elle espérait rassurant.

« Je croyais qu'il n'y avait pas de femmes dans l'armée, pourtant. »

Eva allongea son sourire.

« Je ne fais pas partie de l'armée, madame. Considérez-moi comme une enquêtrice employée par le major Avilliers pour faire avancer cette affaire au plus vite. Il nous paraît crucial de trouver le coupable au plus vite.

–J'espère, dans ce cas, que vos talents seront à la hauteur de la gravité de la situation, mademoiselle...

–Angeline, madame. »

La Cité de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant