Chapitre 20

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Evangéline avait insisté pour que Landon abandonne son manteau écarlate dans la caserne située au pied du mur. Il était clairement suicidaire de se rendre dans les arènes avec cette veste, et elle avait besoin qu'il reste discret. Tous les regards devaient être rivés sur elle, pas sur Landon.

Elle y avait également piqué un morceau de tissu, qu'elle avait caché dans son corset.

Puis ils se mirent en chemin, sillonnant entre les maisons en piteux état des Bas-Fonds. Eva regardait partout, la moindre trace qui pourrait lui indiquer la direction de la nouvelle entrée des arènes. Landon la regardait faire, d'un air étrange. Il la prenait pour une folle, c'était certain.

Elle trouva enfin un signe, une marque presque invisible à l'œil nu mais qu'elle repéra immédiatement, habituée. Elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. Landon avait l'air complètement perdu, désorienté. Elle se dit qu'il était inutile de lui bander les yeux, elle l'avait fait passer par tant de chemins et raccourcis qu'il ne pouvait pas s'en souvenir.

Ils suivirent donc le chemin indiqué discrètement par quelques encoches et coups de peinture jusqu'à une ruelle plus sombre encore que le reste des environs. La porte était dissimulée derrière tout un tas de caisses en bois. Eva piqua un vieux drap troué abandonné là et le passa autour d'elle pour camoufler ses cheveux et son visage, avant de se faufiler tant bien que mal jusqu'à l'entrée.

La porte était suffisamment lourde pour la faire grimacer et pour que Landon l'aide spontanément. Ils entrèrent donc, attirés par le bruit ambiant qui remontait dans le couloir. Un combat se déroulait à ce moment précis, et la foule était en délire.

« Reste près de moi, intima-t-elle à Landon. »

Il ne répondit rien, trop occupé à ronger son frein. Alors elle fila en direction de l'arène et du tumulte qui en surgissait.

La foule était en délire tandis que l'un des combattant abattait son poing en pleine figure de son adversaire. Ce dernier trébucha, recula de quelques pas et se rattrapa contre les cordes, crachant du sang et une dent. L'autre leva les bras en l'air, tourné vers le public, récoltant les acclamations. Son adversaire en profita pour se jeter sur lui et le plaquer au sol. La foule s'excita de nouveau.

« Suis-moi. »

Elle attrapa le poignet de Landon et l'emmena dans son sillage, à la recherche des loges. Elle prit le plus grand soin à rester très loin de Raul, et en dehors de son champ de vision. Perché sur son estrade, il commentait le spectacle dans son micro filaire, attisant encore plus l'entrain du public.

Elle trouva assez rapidement la porte menant aux loges et au bureau de Raul, puisqu'elle était surveillée par deux gardes plantés devant, le visage fermé, à l'affut de la moindre agitation. Evangéline s'approcha sans réfléchir.

« Salut les garçons ! Lança-t-elle jovialement, suffisamment fort pour qu'ils l'entendent par-dessus les cris de la foule. J'ai besoin de récupérer deux ou trois trucs. »

Ils la toisèrent d'un air peu avenant.

« Personne ne peut rentrer, sauf les combattants. »

Elle laissa retomber ses épaules, dépitée, et rabattit légèrement le drap sur sa tête, de sorte à ce qu'eux seuls voient son visage.

« Raul ne sera pas ravi d'apprendre que vous avez empêché son Ange de se préparer pour un combat comme j'en ai le secret. »

Ils portèrent sur elle un œil nouveau, presque curieux.

« Il le sait ? S'enquit le second garde en hochant la tête en direction de Raul.

–Il n'y a pas grand-chose qu'il ne sait pas, surtout lorsqu'il s'agit de ses arènes. »

La Cité de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant