Chapitre 15

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Voir le corps de Charles de Bossak ne l'avança pas plus. Elle avait seulement pu vérifier l'information qu'elle avait lu dans le journal. Il avait bel et bien été poignardé douze fois. Avec une dague certainement, au vu de la taille des entailles. La personne qui l'avait assassiné ne voulait décidément pas qu'il s'en sorte. Charles devait sans doute détenir des informations confidentielles.

Mais quelles informations ? Est-ce que ça avait un lien avec l'objet qui avait disparu dans sa bibliothèque ? Et ses mystérieux rendez-vous du mercredi soir ?

Elle avait beau retourner les questions dans tous les sens, un seul mot revenait en boucle dans son esprit. Baron. Ça n'était pas anodin le fait que cet homme soit autant effrayé à l'idée de parler, et de confirmer l'implication du Baron. Il devait être au centre du puzzle et Evangéline devait trouver un moyen de lui parler. Sans Landon.

Et c'était sans doute ça, le plus difficile.

Rigide comme il était, Landon ne la laisserait jamais descendre au Marché Noir sans lui. Sauf que si elle s'y rendait avec lui, autant demander au premier venu de l'assassiner, le résultat serait le même. Le Baron saurait qui elle emmenait, et il serait loin d'être ravi de voir un soldat débarquer dans son territoire.

Le chef d'orchestre répète la symphonie en coulisses, la prochaine grande représentation approche à grands pas.

Ça aussi, ça la perturbait. Qui était le chef d'orchestre ? Le Baron ? C'était l'option la plus probable mais si c'était bien de lui dont on parlait, alors que prévoyait-il ? Et en quoi Charles de Bossak était impliqué ?

Elle soupira bruyamment alors que Landon s'arrêtait devant la porte de ses appartements pour la déverrouiller.

« Je sais que ça ne te plait pas mais je n'ai pas envie que tu me fasses la même scène qu'hier. »

Elle sursauta en entendant la voix du soldat, sortant de ses pensées. Elle leva les yeux sur lui, tandis qu'il se reculait pour la laisser entrer en première. Elle plaqua un fin sourire sur ses lèvres.

« Loin de là, je mourrais d'envie de t'avoir pour moi toute seule. »

Elle obtenu la réaction escomptée, les oreilles de Landon rougirent. Fière d'elle, elle entre en sautillant et se laissa tomber sur le lit, en enlevant ses chaussures. La journée avait été plus longue que prévu et elle devait bien l'admettre, elle était contente de retrouver un peu de confort.

La domestique qu'ils avaient croisé quelques minutes auparavant arriva avec leur dîner, déposa rapidement le plateau sur le bureau et fila tout aussi vite, sous le regard curieux d'Eva.

« Mange. Ordonna Landon en déboutonnant sa veste rouge. J'aimerai me coucher tôt. »

Elle le dévisagea.

« T'aime ça, donner des ordres ? »

Il l'ignora royalement et lui déposa sur les genoux une assiette contenant du poisson et des petits légumes.

« Super, lança-t-elle. Quelle ambiance. Si j'avais su, j'aurais couru jusqu'au réfectoire. Au moins les autres sont de bonne compagnie...

–Non, tu perturbes la tranquillité de tout le monde.

–Je ne perturbe que ta tranquillité à toi. Et ça t'emmerde.

–C'est déjà bien assez. »

Quel rabat-joie, pensa-t-elle. Elle le regarda s'asseoir sur la chaise devant le bureau et manger en silence son repas, le dos beaucoup trop droit pour qu'elle croie qu'il soit réellement à l'aise dans cette position.

La Cité de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant