La Cité de Sang

Chapitre 16

LANDON

Il vit le visage d'Evangéline se décomposer alors que l'inconnu continuait de presser son épaule. Son regard se perdit dans le vide un instant, comme si son cerveau avait cessé de fonctionner. Landon fronça les sourcils. Il la connaissait peu mais il avait parfaitement réussi à la cerner. Et montrer ses réelles émotions n'était clairement pas une habitude pour elle. Alors la voir ainsi...

Elle se reprit rapidement en releva la tête et en redressant les épaules, plaquant un sourire sur ses lèvres charnues.

« Aroll, comment vas-tu ? Lança-t-elle en se tournant vers lui. »

Cet Aroll l'observa attentivement, comme s'il cherchait quelque chose sur elle, avant de jeter un coup d'œil suspicieux en direction de Landon.

« Qu'est-ce qui s'est passé bon sang ? Pesta-t-il. Tu as disparu pendant des jours et tu réapparais comme une fleur ? »

Evangéline posa ses poings sur ses hanches et accorda à sa connaissance un sourire taquin.

« Tu ne me feras pas croire que tu t'inquiétais pour moi. »

Aroll serra les mâchoires, regarda autour d'eux afin de s'assurer que personne ne les écoutait, et s'approcha d'Evangéline, la saisissant par les épaules. Landon fit un pas en avant, alerte, et chercha son épée à sa hanche par réflexe. Mais sa main ne rencontra que du vide.

« Pourquoi est-ce que tu n'as pas arrêté de te battre ? Fit-il à voix basse. Pourquoi est-ce que tu ne nous as pas suivis ? Et comment tu as fait pour échapper aux Écarlates ? »

Evangéline tenta de se dégager de sa poigne, en vain. Elle finit par soupirer.

« Ce sont mes affaires, il n'y a rien qui te regarde là-dedans. Je suis certaine que tu as d'autres occupations qui te feront oublier mon absence. »

Aroll fronça les sourcils.

« Si tu parles de...

–Je ne parle de rien du tout, le coupa-t-elle. Et je ne veux pas parler avec toi. J'ai des choses à faire alors laisse-moi partir. »

Elle eut un mouvement de recul plus violet que le précédent pour l'obliger à reculer, mais cette brute ne bougea pas d'un centimètre, cherchant constamment à capter le regard de la jeune femme.

« Elle vous a demandé de la lâcher, intervint Landon, alors faîtes-le. »

Aroll porta son attention sur lui et le regarda de haut en bas.

« Qui c'est ? S'enquit-il sèchement.

–Un gars qui me fait jouir plus rapidement que toi, rétorqua-t-elle et Landon sentit ses oreilles s'échauffer.

–Il est avec eux, n'est-ce pas ? C'est ton chaperon ? »

Cette fois-ci, Evangéline réussit à se défaire de son emprise et recula de quelques pas, afin de mettre de la distance entre eux.

« Encore une fois, ça ne te regarde en rien.

–Si tu as besoin d'aide, je peux te l'apporter. Tu es dans le camp allié, Eva. Un mot et toutes les personnes dans ce bar se soulèveront pour toi. Peu importe dans quelle merde tu te trouves, on te ramènera à la maison. »

Il tendit la main vers elle. Elle le regarda faire et l'espace d'un instant, Landon crut qu'elle la saisirait. Mais au lieu de cela, elle la frappa.

« Je n'ai besoin de personne pour revenir à la maison, cracha-t-elle.

–Qu'est-ce qu'ils t'ont promis, hein ? De l'argent ? Une porte de sortie facile de la Cité ? Tu ne devrais pas faire confiance à ces personnes ou tu finiras sur la Place des Pendus, comme tous les autres. »