Chapitre 29

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La caserne était pratiquement vide lorsqu'ils passèrent la grille. La grande majorité des soldats était partie aider au théâtre et ceux qui étaient restés étaient armés jusqu'aux dents, prêts à accueillir une quelconque attaque.

Ils gravirent les marches, Logal soutenait Landon sans broncher et les guida à travers la caserne jusqu'à une grande infirmerie, vide. Logal aida Landon à s'allonger sur la table d'auscultation la plus proche, après lui avoir ôté sa veste et sa chemise, pendant que ce dernier gémissait de douleur à chaque mouvement, une main sur sa plaie ensanglantée.

« Où est-ce que le vieux range l'alcool ? »

Logal se mit à fouiller partout en pestant après le médecin de la caserne. Evangéline en profita pour s'approcher de Landon et s'accroupit devant la table, au niveau de sa tête. Allongé sur son côté valide, il continuait à lutter contre la douleur, blanc comme un linge.

Elle aurait voulu être capable de faire quelque chose pour lui. En réalité, elle en était capable, mais elle ne le pouvait pas, pas alors qu'ils n'étaient pas seuls. Elle savait qu'avec les bons mots, elle pourrait faire comprendre à Landon qu'elle ne pouvait rien dire. Mais pas à Logal. Alors elle se contenta de passer une main dans ses cheveux et de les caresser doucement, comme Mama le faisait lorsqu'elle se sentait mal.

Mama faisait autre chose également. Elle lui changeait les idées.

« Hey joli cœur, l'appela-t-elle d'une voix douce. »

Il ouvrit légèrement les paupières, la sueur perlait sur son front.

« T'as vraiment mauvaise mine, je peux te conseiller de très bons produits de maquillage. »

Il sourit faiblement et émit un son qui aurait certainement dû être un rire.

« Je suis sûr que j'ai meilleure mine que toi, répliqua-t-il avant de laisser échapper un grognement. »

Surprise, elle haussa les sourcils, puis rit doucement.

« Oh vraiment ? Parce que tu ressembles à un portrait parfait d'un cadavre en ce moment. »

Landon esquissa un sourire en coin malgré la douleur.

« Eh bien, je suppose que ça fait partie du charme. »

Logal trouva enfin une bouteille d'alcool médical et revint en hâte vers la table d'auscultation. Il déposa la bouteille sur une table à proximité jeta sa veste écarlate dans un coin, retroussa les manches de sa chemise et s'approcha de Landon.

« Ça va faire mal, prévint-il. Evangéline, si vous pouviez l'empêcher de se mordre la langue, ce serait parfait. »

Elle acquiesça et déchira un morceau de sa robe déjà en lambeaux pour la fourrer dans la bouche de Landon, dont la respiration s'était accélérée. Il paniquait, elle le voyait. Il s'attendait déjà à ressentir une douleur insoutenable, alors que Logal ouvrait la bouteille d'alcool.

Eva posa délicatement sa main sur la joue de Landon et le força à la regarder dans les yeux. Le distraire, ça elle pouvait faire.

« Est-ce que je t'ai déjà raconté la fois où j'ai mis le feu au Marché Noir ? »

Il essaya de lui offrir un faible sourire, comme s'il n'était pas surpris par cette nouvelle.

« Je trouvais que le Baron me délaissait, puisqu'il refusait que je vienne le voir. J'ai trouvé moi-même mon chemin jusqu'au Marché Noir et ai réussi à passer sans le mot de passe. Ses hommes m'ont couru après pendant un moment mais j'étais agile et rapide. Et j'avais douze ans, je me faufilais un peu partout. J'ai fini par trouver la maison du Baron mais personne ne m'a ouvert. Alors puisque je ne pouvais pas aller à lui, il viendrait à moi. J'ai mis le feu à plusieurs étals du marché noir, ceux qui contenaient principalement de la drogue pour que ça prenne plus vite. Et ça a marché, il a rappliqué. C'est depuis ce jour-là qu'on m'appelle la Favorite. Parce que n'importe qui aurait fait ça aurait été exécuté sur le champ. Mais pas moi. Le Baron m'a demandé pourquoi je l'avais fait alors je lui ai expliqué. Et il s'est simplement tourné vers ses hommes et leur a dit ceci : la relève est assurée. Puis il m'a ramenée chez Mama. »

La Cité de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant