Chapitre 27

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Une vieille robe qu'Isobel ne pouvait plus mettre, ça n'était pas ce qu'elle souhaitant en disant « jolie robe ». Elle avait espéré que Landon comprenne le message et l'emmène parcourir les magasins de la Haute Cité. Mais apparemment, il avait encore du mal à la cerner.

Heureusement, Isobel avait accepté de lui donner d'autres robes. Evangéline avait alors passé une journée entière à découper les tissus, les recoudre entre eux et tout ajuster à sa taille. Le résultat lui plaisait, finalement, et se rapprochait presque des robes que lui confectionnait Mama. En beaucoup plus sage, afin que Landon ne perde pas connaissance.

Elle enfila donc sa robe émeraude, aux détails de dentelle dorée, dont le haut et le tissu sur les hanches étaient élégamment plissés. Puis elle releva ses boucles en un chignon décoiffé. À côté des grandes dames de la Haute Cité, elle paraîtrait peut-être un peu désinvolte, mais elle aimait ce à quoi elle ressemblait. Suffisamment sage pour ne pas déclencher un scandale, et assez insolente pour se démarquer.

Evangéline sortit de la salle de bain, prête à trouver Landon de l'autre côté de la porte, à l'attendre de pied ferme, impatient. Mais la chambre était définitivement vide. Elle fit la moue. Elle n'avait pas fait tout ce travail pour qu'il ait oublié qu'il devait l'emmener au théâtre.

Elle ouvrit l'armoire en grand et fut soulagée de constater que son uniforme de cérémonie ne s'y trouvait pas. Il n'avait pas oublié, il avait juste décidé de faire autre chose que l'attendre. Quelle impertinence !

Eva s'éclipsa alors de la chambre et partit à la recherche de Landon, préparant déjà quelques remarques cinglantes. Elle ne le trouva pas à la bibliothèque, ni au réfectoire ou dans la cour d'entrée. Elle termina son expédition au terrain d'entraînement, où de nombreux groupes de soldats combattaient, malgré l'heure tardive.

Il ne lui fallut pas longtemps pour repérer cette chevelure blonde parfaitement bien coiffée, ce manteau écarlate porté strictement et cette position rigide qu'il abordait tout le temps. Landon était au milieu du terrain, les mains croisées dans le dos, à donner des directives et regarder deux de ses hommes s'entraîner.

Elle passa alors sous la barrière en bois et parcourra le terrain, jetant de grands sourires charmeurs aux soldats qui se retournaient sur son passage. L'un des deux combattants aux pieds de Landon leva les yeux vers elle, son adversaire en profita pour le plaquer au sol et l'immobiliser. Landon claqua la langue.

« La concentration est le maître mot dans un combat. Qu'est-ce qui a bien pu te détourner de ton objectif ?

–Laisse-le admirer la seule œuvre d'art de cette caserne, lança Evangéline en s'arrêtant à côté de lui, tout sourire. Ça n'arrive pas souvent. »

Surpris, Landon se tourna vers elle. Il y eu un moment de flottement durant lequel il la contempla, comme fasciné. Finalement, il secoua légèrement la tête, comme pour chasser ses pensées égarées, et esquissa un sourire en coin, les oreilles rougies.

« Je suppose qu'il est l'heure, fit-il en s'éclaircissant la gorge. »

Eva sourit, savourant cette petite victoire.

« Tu supposes bien. C'est à la caserne qu'on vous apprend à être aussi perspicaces ? »

Il y eut quelques rires étouffés parmi les soldats autour, qui leur valu un regard noir de la part de leur major. Landon se joignit finalement au rire général, jetant un regard complice à Eva.

« On pourrait dire que la perspicacité est une compétence essentielle sur et en dehors du champ de bataille. »

Il s'approcha d'elle, et d'un geste galant, lui offrit son bras.

La Cité de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant