Sitôt la voiture garée, je me précipite dans la maison sans attendre mes parents.
En un rien de temps, j'enfile mon pyjama et décide d'aller dormir. Ma main se pose sur la poignée de ma porte, prête à l'ouvrir. Au dernier moment, je me ravise et tourne les talons, direction la chambre de James. Je ne prends pas la peine de toquer et entre. Mon oncle est recroquevillé sur son lit, la tête sous un coussin. Je m'installe sur le bord et le secoue doucement.
Il se réveille lentement, enlève le coussin de sa tête et me fixe, encore à moitié endormi.
— Jenny? Qu'est-ce qu'il y a?
— Je ne veux pas dormir seule, j'explique. Je peux rester avec toi?
James se redresse, alerte.
— Bien sûr que tu peux. Tout va bien? Tu es très pâle.
Je ne cherche pas à savoir comment il peut voir ma carnation dans l'obscurité et repars dans ma chambre. J'en reviens les bras chargés de mes oreillers et de ma couette. Sans rien ajouter, je m'installe à côté de lui. James se tourne pour me faire face. Il semble inquiet de savoir ce qui m'est arrivé pour que j'ai besoin de rester avec lui.
On se regarde dans le blanc des yeux pendant quelques secondes, jusqu'à ce que mes paupières se ferment d'elles même. Avant que je ne sombre dans le sommeil, je l'entends murmurer:
— D'accord. Tu me raconteras demain, pas de problèmes.
Et je m'endors.
Je me réveille entièrement reposée le lendemain. J'ouvre les yeux calmement, fixe le plafond. La lumière entre par vagues dans la chambre. Les évènements d'hier reviennent peu à peu, eux aussi. Je roule sur le côté pour en parler à James, mais la place est vide. En tendant la main, je découvre que le matelas est encore chaud ; il ne doit pas être parti depuis longtemps. Avant de me lever, je récite dans ma tête les noms de ceux que je rêve de voir morts à mes pieds. J'hésite à rajouter l'homme qui nous a coursé cette nuit, mais je ne connais pas encore ses raisons. Mieux vaut attendre et voir. En attendant, voyons le petit déjeuner.
Je repousse les couvertures et saute du lit. Je descends les marches de l'escalier pour aller manger, en veillant à ne pas faire trop de bruit au cas où ma mère dormirait encore. Mais ma précaution est inutile : ma famille est réunie autour d'un copieux petit-déjeuner. Je m'installe sans regarder mon père. Lui m'évite pareillement. Mis à part la tension entre mon paternel et moi, l'ambiance autour de la table est plutôt bonne. Je me sers à manger et écoute la conversation en cours.
James explique calmement à ma mère qu'il doit rester à la maison aujourd'hui, les cours étant banalysés jusqu'à jeudi. Mikkalson approuve. Seulement, comme tous les professeurs sont convoqués au poste de police pour l'enquête, ils devront s'y rendre dans l'après-midi. En attendant, nous resterons seuls tous les trois, puisque Haylee doit travailler. Au fil de la discussion, je réalise que mon père et mon oncle se parlent à peine et évitent de se regarder en face. Pire que ça : lorsque James ose me passer la bouteille de lait Mikkaelson lui saute carrément à la gorge.
Haylee, épuisée par son mari et son beau-frère, quitte la table pour aller se préparer à aller travailler. Elle file avant que nous ne puissions lui taper sur les nerfs plus que nécessaire. Je l'observe partir avec un soupçon de regret. Maintenant qu'elle est partie, rien n'empêchera mon père de me harceler.
Pour ne pas subir la mauvaise humeur générale, je retourne dans la chambre de James où je m'étends sur le lit, téléphone en main, prête à regarder sur les chaînes de True Crime, en espérant que ça m'aidera dans notre propre enquête. J'envoie un message à Val sur Discord, en espérant qu'elle ne dorme pas, m'installe confortablement.
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Éducation mortelle
Bí ẩn / Giật gân"Le monstre existe peut-être...Peut-être que c'est seulement nous." -William Golding, Sa Majesté des Mouches. Lorsque la police est incapable de démêler les ficelles d'une affaire de meurtres en série, il faut que deux mineures s'en mêlent. Valenc...