Épilogue

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Jenny

C'est étrange comme le monde continue à tourner lorsque que les personnes qui nous sont chères ne sont plus là. 

Deux semaines ont passées depuis ce soir où tout a basculé. Depuis deux semaines, les images me poursuivent. Depuis deux semaines, je ne dors plus. 

Pourtant, à l'extérieur, personne ne pourrait supposer mon état intérieur. 

— Ça va aller, Jenny? Tu veux que je vienne avec toi? 

La main de ma mère, posée sur mon épaule ne m'apporte pas de réconfort. Mais je la prends quand même. Elle souffre autant que moi ; son mari est mort, après tout, et son beau-frère est dans le coma, sans qu'on sache quand il se réveillera. Peut-être jamais. Ça vaudrait mieux. 

Je tourne le bracelet rose attaché à mon poignet. 

— Non, ne t'inquiètes pas. Ça ira. 

— Jenny Mikkaelson! appelle une voix électronique. 

Je me lève de mon siège sans un regard en arrière et avance dans le couloir. En entrant dans le parloir, je croise Valencía. Elle me salue, mais au lieu de simplement me tchecker comme d'habitude, elle me serre dans ses bras. Je la serre en retour. 

Plus que jamais, nous avons besoin l'une de l'autre. 

Finalement, nous nous lâchons, et elle rejoint son beau-père, qui l'attend. De ce que j'ai compris, son lieu de vie est incertain. Son beau-père n'ayant aucun lien de sang avec elle, il ne peut que l'accueillir pendant un mois avant de la laisser au profit d'une autre personne. Deux semaines sont déjà passées. De ce que je sais, elle pourrait vivre avec un ami de son père, mais elle et moi n'en savons pas plus.

J'ai l'impression que plus aucun repère n'est certain, désormais. 

Un policier m'indique un siège, puis enclenche un chronomètre. Il indique quinze minutes. C'est à la fois trop et peu. 

En face de moi, un Perez fatigué se tient assit. Sa jambe cassée est cachée par le bas du dispositif du parloir, mais on devine qu'il s'est battu à travers d'autres signes. Son visage semble vieilli, ses iris gris restent noirs en permanence, sans doute l'effet de la morphine et des médicaments prescrits par l'hôpital psychiatrique. Ses cheveux gris, plus longs, retombent sur ses yeux toujours vifs. Même derrière une vitre, il me terrifie. 

 Mais hors de question qu'il s'en aperçoive. 

— Comment vas tu, jeune Mikkaelson? 

Je déglutis. 

— Très bien, merci. Les résultats du conseil de classe sont tombés. J'ai obtenu toutes mes spés. 

Perez hoche la tête.

— Je sais. J'avais fait en sorte que tu les aies dans tous les cas. Tu les mérites. 

La gorge sèche, j'opine du chef. Je ne sais pas pourquoi il s'amusait à me faire peur par rapport au fait que je ne les aurais pas alors qu'il savait que je les aurais. Ça doit faire partie de son sadisme pathologique. 

— Et vous...? je cherche à relancer. Vous supportez bien l'enfermement?

C'est mesquin comme question, je le sais, mais je ne peux pas m'en empêcher. 

Après tout, c'est de ma faute si il est là. 

Je me souviens par bribes de cette soirée où tout a basculé. Lorsque les policiers sont arrivés, Perez m'a aggripé l'épaule et m'a fait promettre de ne jamais révéler que je suis celle qui a tué Mikkaelson. Et il s'est dénoncé. 

Éducation mortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant