TRUE BLUE

3. XY

Blue

Détester les hommes, ce n'est pas quelque chose d'inné chez moi. On pourrait le croire, je l'accorde, mais pourtant ce ne sont que des particules collés une à une, créant un amas d'haine dirigé envers le sexe opposé.

Toujours plus de raison de les haïr, aucune de les pardonner. Ils ne nous donnent jamais l'occasion de les pardonner. Peut-être savent-ils eux-même qu'ils ne méritent aucunement notre pardon ? Je me suis toujours posé la question.

Je toise ma silhouette dans la vitre, à travers les gouttes d'eau. La pluie s'abat encore et toujours sur New York. J'aimerais partir d'ici. Je ne reste jamais trop longtemps au même endroit, ça a le don de me lasser et de me rendre irritable. En plus de toutes ces conneries de nouvelles recrues.

Je ne veux qu'une chose. Partir.

Mes demandes sont partiellement exaucés. J'ai une mission certes, mais pas seule.

Être seule, c'est probablement les seuls moments où j'agis comme je suis vraiment. Être entouré c'est bien différent, je joue toujours un rôle, quel qu'il soit. Même avec mes proches, ma carapace ne s'efface pas. Elle s'estompe peut-être, rien qu'un peu. Mais ce n'est jamais assez pour eux, ça ne le sera jamais.

Je ne pourrais jamais leur rendre ce qu'ils me donnent. Ce n'est pas que je ne le veux pas. Mais je ne peux pas, je ne sais même pas comment on fait. Je suis complètement perdu lorsqu'il s'agit d'interaction social. C'est peut-être inné, mais pas pour moi. Enfin, je l'ai perdu tout du moins.

Je pense que la douleur change les gens. Mais de façon différente. Certains deviennent silencieux, un peu comme Lilith. Elle m'a beaucoup parlé de son vécu, et elle en fait partie. Des personnes qui se taise, reste dans l'ombre, souffre en silence sans jamais impacter les autres.

Ils essayent de rendre le monde meilleur en veillant à ce qu'aucune autre personne ne vive la même chose qu'eux. Ils essayent à leur façon, comme ils peuvent. Mais on ressent la douleur qui émane au plus profond d'eux.

L'autre issue vers laquelle peut vous mener la douleur, c'est la brutalité. On devient aussi rude envers le monde, autant qu'il l'a été envers nous. C'est peut-être le choix de facilité, je ne sais pas. Mais est-ce que nous avons le choix ? Je ne crois pas que l'on m'ai posé la question. C'est simplement la façon dont j'ai grandis.

Alors à notre tour, nous reproduisons les erreurs qui ont étés dirigés vers nous autrefois. Mauvais, et détachés de tout, voilà ce que nous sommes. L'inverse de la délicatesse. Peut-être pour rendre compte au monde extérieur, la dur réalité dans laquelle on vit. Tous ces gens comme Lilith qui se tue à essayer de voir le bon en tout. Sur notre passage nous démolissons tous ces espoirs là.

Et il est responsable de tout ça.

Mon coeur a éclaté la première fois où il est parti. Tous mes espoirs de petite fille se sont envolés avec lui. Puis les fois suivantes il emportait de moins en moins la matière qui s'arrachait de mon organe. Pourtant, il ne cessait de voler l'once d'espoir qu'il éveillait lorsqu'il revenait enfin.

Son départ, ma fin.

Il a broyé mon coeur, jusqu'à la charpie. Aujourd'hui je n'en ai plus, si il est encore là, à battre, il est surement recouvert d'une épaisse couche de pierre infranchissable par quiconque.

Par sa faute, je n'ai même pas pu le pleurer. Il est parti définitivement, et ça ne m'a coûté qu'une journée à y penser. Sans même qu'une larme quitte mes yeux. Il n'était définitivement plus rien pour moi. Malgré tout ce qu'il voulait montrer. Cet homme n'était pas net, il était tout sauf clean.