32. évaporé

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Jude

Son casque est posé sur ses oreilles, il n'entend donc pas que je suis ici. Il fixe de façon perplexe sa toile, que je n'aperçois pas encore.

Cela dit, je peux voir que mon œuvre aux dimensions géantes est sur le mur principal du salon.

Non pas pour me vanter, je trouve qu'elle habille parfaitement la pièce.

Une fois plus proche, je me penche au-dessus de lui, et mon souffle s'accélère. Une esquisse de ce que je reconnais être mon visage, se dessine sur le blanc du cadre.

Que fait-il ?

Alors qu'il semble sentir une présence inhabituelle, il se retourne brusquement et par défense cache sa toile derrière lui.

J'ai absolument tout vu, tout ce qu'il essaye de me cacher m'est finalement révélé sans même que j'ai besoin qu'enquêter.

Si tout pouvait être si simple.

Cela-dit, il semble soulagé de me voir.

- Tu es revenu.

- Je te l'avais dit.

Il hoche la tête mais je comprends. La confiance n'est pas l'une de nos qualité, ni à l'un ni à l'autre. Et nous nous sommes beaucoup mentis tous les deux, particulièrement nous deux d'ailleurs. 

Je mens très souvent, à presque tout le monde.

Mais avec lui, je me suis aussi mentis à moi-même. Et ça c'est une première.

J'ai toujours préféré la brutalité d'une vérité amer, plutôt qu'un mensonge sucré.

Le résultat reste le même il n'est que retardé dans l'un des cas.

En voyant que je regarde la toile que j'ai peinte, accroché au mur, il se met à la fixer à son tour.

- Elle est bien ici, pas vrai ?

J'acquiesce d'un mouvement de tête.

C'est vrai qu'elle est à sa place ici, autant que moi je m'y sens.

Je me retiens de le lui dire. Mais j'aimerais oser.

Pourtant je n'ai pas le temps de rétorquer quoi que ce soit, puisqu'il me devance en se tournant vers moi furtivement.

- Il faut que je te parle de quelque chose, Jude.

Jude.

Mon prénom sonne vraiment différemment entre ses lèvres. Cet accent...

J'ai fini par prendre l'habitude que ce soit à nouveau mon nom, après plus de deux ans sous l'identité de Blue Clay.

Je me reconcentre sur lui, ses traits son sévère et il semble stressé, pressé, tendu. Je pourrais dresser toute une liste sur les caractères inhabituel qui le décrive là maintenant.

Ce qui ne présage rien de bon.

- Je t'écoute.

J'essaye de cacher au maximum l'affolement qui me prend au dépourvu. Tout ça me semble bien étrange.

Il se gratte la nuque, avant de danser sur un pied, puis sur l'autre.

Bon sang, il va parler oui ?

Cette attente est insoutenable, il se passe trop de chose ces temps-ci pour qu'il fasse tout une sérénade sur je ne sais quoi.

En attendant il me semble vachement étrange ces temps-ci, et peut-être que cette conversation en est la réponse.

Après tout, la mort de son père est encore récente, malgré le fait qu'il ne semble pas plus affecté que ça.

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