TRUE BLUE

11. démuni de saveur

Blue

Le problème avec tout le monde, c'est moi. N'importe qui, n'importe quelle situation, n'importe quel contexte. Le soucis sera moi. Encore et toujours, je le sais. Pourtant je n'y peux rien...

C'est dur, voir impossible de faire confiance à nouveau. Je ne pensais pas avoir ce problème mais je n'avais personne en qui croire avant maintenant. Mon coeur s'est arrêté en les voyant ce jour là, sur le pas de ma porte. Mon frère et sa copine, ils étaient venus pour moi.

Une petite flamme s'était allumé au fond de mon coeur, dansant en accord avec la leur. Mais la peur qu'elle s'éteigne est insoutenable. Mon cerveau était divisé en deux parties, l'une se battant contre la peur qu'ils mentent tandis que l'autre l'alimentait avec un tas de scénarios...

Ils étaient venus pour moi.

J'avais peur que ce soit faux. Qu'il vienne pour elle, pour ma mère. Parce que personne n'est jamais retenus par moi. Personne ne vient jamais pour moi. Enfin jusqu'à maintenant. Je n'ai pas été honnête lorsqu'ils ont questionnés mon étonnement.

J'ai mentis. Je savais pourquoi. Parce que j'ai eu peur que ce soit elle et pas moi. Que ce soit encore un menteur, comme les autres. Et je ne voulais vraiment pas que lui en soit un. Pas mon frère.

Les fois suivantes, à chaque fois mon coeur se nourrissait un peu plus de lui et dans ce geste, la distance mise par la suite était d'autant plus importante, laissant planer un doute constant au dessus de ma tête. Sur ses intentions, ses sentiments, ses motivations envers moi. Pourquoi ?

Ne pas faire confiance est devenu banalité chez moi. C'est juste normal de se méfier. Mais qu'est-ce que c'est fatiguant.

Lilith et Elio me montre le meilleur de ce monde, enfin...ils essayent. Avec le peu d'espace que je leur laisse, pour intégrer ma vie. Maia, elle, je ne sais pas, ce n'est pas profond. Je l'adore et c'est ma meilleure amie. Mais peut-être parce que c'est la seule ? Je ne sais pas vraiment. Mais je ne lui ai jamais parlé de tout ce qui me tourmente jour et nuit.

Personne ne le sait vraiment à vrai dire. Je note tout dans un carnet, toute ma vie y est retranscrit. Ce n'est pas pour autant que ça me libère ou que ça éteint la rage qui est éveillé en moi. Au contraire, l'écrire rend la chose réelle. Et une fois que l'encre est gravé sur le papier, souvent, je réalise à quel point je suis complètement bousillé.

Si tout ça avait un sens, rien qu'un peu, j'y trouverais de la logique dans mes écrits. Mais ils n'ont ni queue ni tête. Parce que tout ce que j'ai à raconter n'a pas de début ni de fin. C'est une boucle qui se répète à cause des mêmes événements, encore et encore jusqu'à ce que je tombe d'épuisement face à ceux-ci.

Comment on s'en sort ? Si quelqu'un ici à la réponse ça m'intéresse. Je sombre de plus en plus dans mes propres écrits et ma propre tête, mon propre coeur. Plus rien en moi n'a de saveur ni d'éclat. Je me déteste pour ce que je suis devenue. Quoi que je dise, je n'aime pas la personne sans sentiments que je suis.

Désolé, j'en sais trop pour être une de ces personnes rayonnante chaque jour qui apporte la bonne humeur partout où ils vont. Désolé, la vérité a démolie ma vie sur son chemin. Désolé mon père n'en n'avait rien à fouttre de moi. Désolé ma mère préférait son mec incestueux à moi. Désolé, il n'a jamais demandé pardon, j'ai toujours été à sa merci. Désolé, personne ne m'a jamais protégé. Désolé, personne ne m'a jamais aimé...

Je ne suis pas désolé.

Ils devraient tous l'être.

Je déteste tout le monde, parce que trop de haine envers ces gens s'est accumulé en moi pour pouvoir donner de l'amour à qui que ce soit. Je ne sais pas aimer. Ni comment faire, de quelle manière. C'est un mystère pour moi.