26. Einstein

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Hayden

La petite flamme de son briquet éclaire partiellement son visage, d'une couleur doré et douce. Ses lèvres ressortent un peu plus pulpeuses, écrasées par la cigarette.

Heureusement que je ne devais pas l'aimer.

C'est bien Hayden tu respectes les limites que tu te fixes. Je me sens plutôt stupide face à la manière dont je n'ai même pas un peu résisté.

J'ai foncé tête baissé vers le trou béant qui se dessinait entre nous deux. 

Je m'approche un peu.

Le bout commence à se consumer.

La première taff est la plus toxique il parait.

J'attrape sa cigarette avant qu'elle n'inhale cette merde.

Son regard noir suit mon mouvement. Je l'écrase contre l'établissement avant de la jeter à la poubelle.

Je n'ai que faire de ce qu'elle peut penser, si ça lui évite cette bouffée de nicotine inutile.

Un léger soupire s'échappe de ses lèvres.

Elle s'assoit sur les marches des escaliers, n'étant pas décidé à rentrer. Elle doit se peler le cul. Malgré que les jours deviennent plus chaud, les nuits demeurent austères. Ce n'est pas son petit bout de tissu noir qui doit lui apporter quelconque source de chaleur.

Je n'ai même pas de veste à lui donner.

Je m'assois en l'imitant.

Elle m'ignore complètement. J'ai surement mérité ce traitement de faveur. 

Qu'est-ce que cela veut dire ? à quoi joue-t-on au juste ?

Je n'ai jamais compris ce qu'il se passait entre elle et moi. Ce qui est sûr c'est qu'elle le cache bien mieux que moi.

A cet instant je réalise les regards braqués sur nous. Jude qui a quitté la table, moi à sa suite, en riant franchement face à son acte. Leurs bouches sont restées pendues, spectateurs de notre acte.

Un scène que l'on aurait surement pu jouer autrement.

Toutefois, si ma pièce tout entière pouvait être modifié... je ne renoncerais pas à cela. Indépendamment de cette année, ou beaucoup trop de chose se déroule sans que je ne puisse agir.

Je suis moi-même antagoniste de ma propre vie. Si ce n'est pas grisant...

Les seuls moments échappés de cette misère, sont les rares moments positifs en compagnie de Jude. Loin d'une dure réalité.

Son comportement ne me laisse jamais indifférent. Je n'ai peut-être que dix-neuf ans comme elle aime le rappeler, j'en aurais vingt dans quelques jours, et elle n'apprécie pas ce que je peux lui faire ressentir. Enfin, parce qu'elle l'apprécie un peu trop justement.

Mon genou frôle le sien, ainsi que son bras.

Sa peau est fraiche, plus que la mienne.

Elle reste de marbre.

Je vois.

Si elle ne dit rien, alors il n'y a rien à dire.

On va attendre ici, jusqu'à finir congeler, en hypothermie. Si c'est ce qu'elle désir.

La température ne pourra jamais être plus faible que le froid qu'il y a entre nous.

J'essaye souvent de comprendre comment nous sommes arrivés ici, qu'est-ce qui a merdé sur le chemin pour que la situation soit tel. À quel putain de moment Jude est devenu autre chose qu'un pion sur mon échiquier ?

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