7. Absorption

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Blue

Mon corps se remplit légèrement de fourmis. Toutes petites, presque insensible. Mais je tremble légèrement. J'ai la nette impression que mon lit va m'aspirer en lui. Ne faire plus qu'un avec mon matelas et mes draps. C'est étrange comme sensation, c'est comme si tout était figé, mais que mon corps s'effaçait dans le décor.

Je sens mon coeur, je ne sens pas ses battements, mais sa lourde présence, la douleur qui en émane. Je me sens... triste. Je crois. Peut-être, c'est surement ça que l'on ressent lorsqu'on est triste. Je suppose. Je ne suis pas en forme et à vrai dire je ne pense à rien. Je n'ai même pas vraiment de raison d'être morose.

Pourtant je ne peux rien faire pour contrer cette humeur, je suis bloqué avec, dans mon lit. En fixant un point au bout de celui-ci. Et la sensation d'absorption se décuple. Cette fois c'est sur je vais disparaître.

Rien ne se passe, plus les minutes passent et moins il se passe quelque chose. Je reste seule sur mon lit. Et plus rien de se passe. Aucun bruit n'émane de nul part. Habituellement je me serais levé et j'aurais allumé la télé ou mon ordinateur je ne sais pas quelque chose pour faire taire se silence assourdissant.

Mais non. Pas maintenant. Je reste encore un peu, le temps que je peux. Allongé en attendant de me faire engloutir. Ce qui n'arrivera pas je sais. C'est plus fort que moi. Je ne commande pas, peut-être que si ? Alors c'est du déni, parce que je n'ai pas l'impression de pouvoir bouger même si je le voulais.

Je crois que je vois même la scène de l'extérieur. Non je suis dans le lit ? Je ne l'étais pas. Suis-je en train de dormir ? Est-ce un rêve ? Cauchemar ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? Tout Jude, tout.

Ma tête était contre la tête de lit puis doucement, lentement à la vitesse d'une limace, elle s'est laissée couler pour finir complètement à l'horizontale. Je n'ai plus de force. Lessivé c'est exactement comment je me sens là tout de suite.

C'est désagréable enfin ça va, mais ce n'est pas agréable non plus. Je n'aime pas être comme ça. Je me sens tellement faible et vulnérable, c'est affligeant.

Les deux marteaux piqueurs sur mes tempes commencent à taper, ils sont encore assez loin pour le moment, mais je sais que ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils atteignent ma boite crânienne. Et à ce moment je vais résister, ce que je peux. Puis craquer d'épuisement, à force de lutter.

S'il y a bien une douleur qui me rend folle, ce sont les migraines. Elles vous tabassent le crâne jusqu'à ce que vous baissiez les armes en stoppant tout parce que c'est trop dur. Et même à ce moment là, rien ne cesse. Elle persiste pour que jamais vous n'oubliez cette souffrance.

Parfois je pleure. Je pleure de douleur. La douleur des migraines. Parce qu'elles sont trop dur à supporter. L'endorphine libéré avec mes larmes ne gagne pas le combat contre la migraine qui les succèdent. Double migraine. Et c'est souvent à ce moment que je prend un médocs assez puissant pour tout faire taire là dedans.

Pourquoi ne pas le prendre plus tôt ? Bonne question. Si je prenais ce truc à chaque fois que les marteaux piqueurs faisaient leurs apparitions. Je deviendrais addict, dépendante, une putain de drogue dur, ça serait. Alors je me force à endosser les maux... et faire avec, parce que de toute façon on ne guérit pas de ces choses là. On vit avec.

Comme beaucoup de chose.

Pourquoi je n'arrive pas passer outre tout ça ? Pourquoi ça reste dans mon cerveau ? Encore et encore ? J'en ai putain de marre de revoir toutes ces images dans ma tête, les pires jours de ma vie. Rien ne cesse, tout se ressasse. Je ne m'en sortirais jamais.

TRUE BLUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant