8. vulnérabilité

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Hayden

Ne plus respirer, plus du tout. Des picotements se forment dans ma gorge, elle devient sèche très sèche. Mon cerveau n'arrive pas à se connecter au évènements que lui transmets mes yeux. La respiration irrégulière je m'approche du corps qui semble inerte par terre. 

Ses longs cheveux couleur ébène encadrent son visage. Elle parait tellement faible s'en est effrayant. Sa faiblesse me fait peur. Elle n'est jamais hors-service, elle ne ferme jamais sa gueule, elle n'arrête jamais rien. Jamais sauf maintenant.

Je reprends mes esprits lorsque son corps se met à trembler violemment. De léger gémissements sortent de ses lèvres. Comme des cris étouffés, je déteste ce que j'entends. Si je ne me met pas en mode automatique je vais vriller et il ne faut pas que je fasse de connerie. Si nous finissons tous les deux dans cet état qui viendra pour nous ? Personne.

Nous ne sommes pas des personnes sauvés, nous sauvons ceux qui ne peuvent pas l'être. Pourtant, personne de viendra pour moi. Elle surement, elle a une famille de ce que j'ai pu voir. Son frère nous retrouvera, mais surement trop tard.

Mes mains attrapent doucement mais fermement ses épaules, je la positionne sur le côté, son torse vers moi. J'essaye de la relever mais elle ne tient pas toute seule. Il faut que j'agisse. L'eau froide avait fonctionné la dernière fois. J'espère que ce n'est qu'une simple sévère crise d'angoisse.

Je me relève avant de porter Blue dans mes bras, pour me diriger vers la salle de bain. Je m'assois avec elle dans la douche, je suis obligé de me mouiller aussi, elle s'effondra seule autrement. Son dos est appuyé sur la longueur de mon torse, elle est affalée sur moi.  C'est alors que j'allume le jet, qui coule droit sur nous.

Je sens qu'elle réagit, mais cela n'a pas l'effet escompté, l'eau n'est pas si froide. Nous sommes à Tenerife, il n'y a apparemment pas d'eau gelé ici ? Pas au douche visiblement...

Sa main trouve la mienne et elle la serre si fort que j'ai l'impression que l'une comme l'autre vont exploser à l'unisson. C'est quoi le but de la manoeuvre exactement ? À moins que nous finissions tout deux hémiplégique, je ne vois pas le bon côté de cette action je dois l'avouer.

Je ne sais même pas vraiment pourquoi je l'aide. Peut-être parce que je n'ai pas envie de voir quelqu'un crever devant moi... Pas que ça me dérange habituellement. Mais je connais ça et au fond de moi il y a ce minuscule truc qui m'hurlait de l'aider. Je n'arrive pas à résister... il fallait que je l'aide. Même si c'est de loin, la personne la plus probable de me laisser crever au fond d'un puit.

Elle m'agace mais là maintenant, elle est franchement à ma merci. J'aime bien le fait qu'elle ne contrôle rien pour une fois. Elle ne fait pas la maline, elle ne redescend pas tout le monde. Elle n'est qu'encore plus bas que terre. Et qu'elle ferme sa gueule, c'est la chose la plus plaisante qui soit.

- Je- p-

- Ferme là et respire.

Pour une fois qu'elle obéit, et qu'elle fait ce qu'on lui dit de faire...

Nos altercations sont toujours faites à base de sarcasme, d'insulte et de tentative de meurtre. Pas un seul moment tranquille, je ne dors jamais sur mes deux oreilles en temps normal, mais alors avec cette folle en permanence collé à moi. Autant me suicider tout de suite, honnêtement.

La seule fois où rien n'était brutale, enfin presque. C'est lorsque je l'ai soigné cette nuit là. C'était étrange, l'air de la pièce était lourde j'avais l'impression d'étouffer, que tout se refermait sur moi sans me laisser l'espace dont j'avais besoin. J'ai détesté ça, je voulais la laisser comme ça, me casser. Mais cette putain de voix hurlait si fort de continuer, que je ne pouvais détourner le regard.

TRUE BLUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant