Un voile de tombé

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Alison

Beaucoup de gens pensent que la rancœur est un sentiment mauvais. On le décrit comme nocif, malsain, destructeur. Pourtant, c'est ce sentiment-là que je ressens le plus. La rancœur peut être tellement forte, qu'elle vous bouffe de l'intérieur. Elle ronge votre mental. Elle le remplit de colère et de rage, ou elle vous submerge d'une telle tristesse et d'un tel mal-être qu'elle vous détruit.

J'ai jamais aimé ce sentiment. La rancœur apporte tellement de mauvaises émotions et de telles pensées noires que je ne supporte pas l'avoir dans mon crâne. Elle dépose la jalousie, la haine, l'envie, le désespoir, puis reste imprimée dans chacune de nos pensées. Pourtant, elle a beau vous détruire à petit feu, elle vous tiendra toujours en vie. Vous savez pourquoi ? Car cette rancœur ne partira que lorsqu'elle sera assouvie par une vengeance.

Je n'ai jamais pu me venger de qui que ce soit, néanmoins, j'en ai rêvé. Tellement rêvée qu'à des moments ces pensées devenaient une obsession. Une obsession si forte qu'elles me mettent dans un état de transe intense. Depuis petite, j'ai toujours eu les yeux grands ouverts pour regarder et observer le monde qui m'entoure. Dans ces moments de transe, mes yeux sont ouverts dans le vide, imaginant ma plus belle des vengeances.

Mais je n'en fais jamais rien.

Je me suis toujours promis que je ne ressentirais jamais ce genre de rancœur envers des personnes que j'ai aimées. Pourtant, je sais d'avance que j'en voudrais toute ma vie à mon frère et à mon père. Je n'oublierai jamais la colère et la tristesse que j'ai ressentie à cause d'eux. Je n'oublierais jamais la douleur que j'ai subi par leur faute. Et je n'oublierais jamais l'abandon de toutes les personnes que j'ai aimé.


Je suis dans la salle de bain, assise sur une chaise bien trop inconfortable pour exister. Lucy est debout derrière moi, entrain de me faire une coiffure. Il a insisté pour que ce soit lui qui me coiffe et j'ai cédé. Je n'ai pas beaucoup dormi, et ma tête est encore dans les vapes.

J'ai les yeux rivés sur le sol de cette salle de bain, la voix de Lucy est si lointaine que je ne l'entends plus. Je suis plongée dans mes pensées, et même les hurlements d'une personne à l'agonie ne pourraient me détacher de cette transe.

Pourtant, je ne rêve pas de mon tortionnaire, ni d'un de mes abandons. Je m'imagine moi, arme à la main devant une cible, bien vivante, et je lui tire une balle en pleine tête. Le bruit de l'arme fait écho dans mes oreilles et je ne peux m'empêcher d'espérer que ma cible soit morte, allongée sur le sol entrain de se vider de son sang sur le carrelage de cette salle de bain.

Mes pas sont silencieux quand je marche vers cette personne au sol et que je finis par voir son visage...

-Alison ! Crie la voix de Lucy.

Je me retourne vers lui, complètement déconnectée de la réalité. Je le regarde dans les yeux cherchant une explication pour ce que je viens d'imaginer.

Il est vers les dix-neuf heures et je n'ai qu'une envie, aller dormir et ne plus penser à rien. Je finis par détourner le regard et par scruter mon reflet dans le miroir.

Merde !

Lucy m'a fait une belle natte, il a tressé normalement mes cheveux noirs et je me demande ce qui a bien pu lui prendre autant de temps pour une simple tresse.

Je le remercie et pars dans ma chambre. La tête ailleurs, j'enfile un pantalon larde, blanc en tissu et un top noir classique. Simple, classe, mais un peu sexy.

Je descends au bras de Lucy, et Kay s'empresse de venir me prendre l'autre bras.

Quand on sort de la maison, deux voitures noires nous attendent et les deux garçons me conduisent vers la deuxième en me parlant du club où nous allons, avant que la voix de Myler crache.

La Silencieuse |Tome 1|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant