Un sentiment humain

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Myler

L'homme est allongé par terre, il bouge encore ce qui veut dire que je pourrai continuer. Je l'ai pris par surprise en le suivant. Il ne s'attendait pas à ce que je le rejoins dehors. Je n'attaque jamais par-derrière en temps normal, je trouve ça lâche, petit, un acte de manque d'entraînement et de confiance.

Or, je ne suis pas lâche et j'ai une totale confiance en mon entraînement. Je sais ce dont je suis capable et je sais aussi que cet homme va se prendre encore des coups.

« Une pute » ? C'est ce qu'il a dit, ouvertement et mon corps a réagit, comme d'instinct. Je l'avais déjà repéré, tout à l'heure, en arrivant dans le bar. Il la regardait avec les yeux d'un animal affamé, se touchant en la regardant se déhancher.

J'ai vu comment il l'observait et pas besoin d'être télépathe pour savoir qu'il s'imaginait la baiser. Comme si cette femme était son objet.

Comme si elle pouvait être à lui.

Mon sang n'a fait qu'un tour quand je l'ai vu bousculer Alison en faisant exprès, prétextant être trop bourré alors que depuis que nous sommes arrivés, il n'a pas touché à son verre.

Je secoue mes mains pour enlever un maximum de sang de cette enflure. Je dois m'arrêter là, sinon je vais finir par le tuer sans le vouloir.

Je fouille dans ses poches, cherchant des papiers d'identité. J'ai déclaré qu'Alison faisait partie de ma maison, maintenant, je ne peux plus reculer. Cet homme doit parler et il a intérêt à le faire.

Quand je trouve enfin ce que je cherche -sa carte d'identité- avec le nom et le prénom de cette personne, je m'approche de son visage, en le tirant par les cheveux pour que je n'aie pas à me briser le dos pour le menacer.

-Je sais qui tu es. Je sais où te trouver, comment te chercher et qui tuer pour venir à toi. Alors tu vas me rendre un petit service.

Je ne pose même pas la question, ce que je lui ordonne n'est pas facultatif, mais son visage ensanglanté me fait signe qu'il accepte tout ce que je lui demande.

De toute manière, il n'a pas trop le choix.

-Dis à toutes les personnes que tu connais, qu'il y a une nouvelle Layme et que, quiconque a le bonheur de poser les yeux sur elle, aura le malheur de mourir dans une telle souffrance, que même le diable aurait pitié d'eux.

Je relâche sa tête de sorte à ce qu'elle cogne sur le bitume. Le craquement de l'os de son nez contre le sol parvient à mes oreilles. Et le regarder de haut comme il l'a fait avec Alison me satisfait encore plus.

La lune s'est levée, le ciel est noir, et putain qu'est ce que j'ai envie de lui briser encore un os ou de lui crever les yeux pour qu'il ne puisse plus jamais revoir cette femme de sa vie.

Mais, me dire que je viens d'engager une nouvelle mercenaire sans même que père soit au courant, me calme un peu. Je suis même fière de ce que je viens de faire.

Aucun de mes choix est irréfléchis. Je savais que je finirais par initier Alison dès que j'ai vu sa manière de parler à Romann. Elle a su changer de facette en un rien de temps. Sa façon de lire dans les yeux, sa manière de parler espagnole, tout en elle me montre qu'elle est faite pour nous aider ou pour nous détruire et j'adore prendre ce risque.

Elle est le diable et elle me tente plus que je le voudrais...

Depuis deux-trois ans, j'ai repris l'affaire familiale et très peu de personne savent que mon seul et unique but est de me venger d'une telle puissance et d'une telle discrétion que même l'homme qui m'a entraîné ne me verra pas venir. Et une femme comme Alison pourrait m'y aider.

La Silencieuse |Tome 1|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant