Chapitre 1

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La proie.

Les muscles tendus au possible, je referme mon ordinateur portable avec agacement, et à vrai dire, je ne me sens pas très bien. Cela fait à mon avis des heures que je travaille sans relâche pour finir sur un travail qui me semble bâclé et inachevé. Cette impression grandit d'autant plus lorsque mes yeux se posent sur mon téléphone indiquant qu'il est déjà plus de deux heures du matin.

Oui, nous sommes samedi matin, et par déduction, c'est la fin de semaine. Cette fin de semaine devrait m'apaiser, mais ce n'est pas le cas. Je ne ressens que cette impuissance dans la poitrine qui me martèle sans jamais se stopper. Stupide impression, en réalité : ressentir de l'angoisse est une chose totalement normale, et je l'accepte, mais pourquoi ne puis-je tout simplement pas arrêter de penser que j'ai raté mon examen ?

Cela fait déjà une bonne semaine que l'épreuve est passée, et pourtant je ne décolère pas. Mon cerveau tente avec acharnement de retrouver toutes mes réponses écrites et de les analyser une par une afin de trouver la moindre erreur que j'aurais pu laisser sur ma copie. Je ne peux pas dire que je suis déçue, c'est évident, j'ai absolument tout donné durant ces six heures si cruciales à mes yeux, et pourtant...

Et si j'avais lamentablement échoué ?

L'espace d'un instant, je relis alors mes notes prises depuis mon début de soirée pour me concentrer sur autre chose que l'échec imminent qui menace de me retourner l'esprit du sommeil qui m'attend.

Les plans du projet imaginé sont établis sur mes feuilles de papier, donc il ne reste plus que quelques calculs pour vérifier les mesures et m'assurer que tout serait réalisable dans des conditions réelles. Normalement, tout devrait coïncider, et pourtant, rien ne me détend. Le dos raide et la tension sur mes épaules à leur paroxysme, je me laisse jeter un nouveau regard à mon portable en observant une notification. A cette heure-ci, il ne peut s'agir que d'une seule personne. Je souris en analysant la situation assez spéciale. Je l'imagine bien plongée derrière son bouquin, en train d'étudier une nouvelle peinture qu'elle vient de trouver sur internet en essayant de mettre les deux œuvres en lien. C'est du Annaelle tout craché, je suppose. Je fais alors un pari intérieur en espérant ne pas me tromper et balaye mon écran du doigt pour faire face à son message.

La meilleure de toutes.

Il y a une minute.

Tu ne devineras jamais...

Mon prof m'a encore énervé tout

à l'heure. Je te raconterai ce

qu'il m'a dit, c'était affreux.

Je soupire, compatissant face à sa détresse, mais tout de même vêtue de mon sourire aux lèvres. Elle s'était appelée avec ce surnom totalement...je n'ai pas vraiment les mots, finalement. Nous avions tout juste treize ans et c'était sa façon à elle de montrer son affection, une chose que j'ai toujours adorée. Jamais je n'avais changé cette appellation, la trouvant bien trop représentative de notre amitié. Décalée, originale et par-dessus tout, spéciale.

Alors, durant ce week-end, ma meilleure amie allait forcément me parler de ses études, c'est toujours le cas lorsque nous nous parlons le soir après avoir travaillées durement. Cependant, je m'attendais à quelque chose de positif. Pari perdu.

Je m'empresse de lui rédiger ma réponse alors que j'éteins ma lampe de bureau et me glisse dans mon lit confortablement, décidant que de toute façon, je n'irai pas plus loin ce soir.

Vous.

A l'instant.

On se fait ça dès que

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