Chapitre 43

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Alors que je tourne la clef de mon appartement dans sa serrure à toute vitesse, le stress me gagne de plus en plus.
Bon sang, il avait fallu qu'elle soit aussi impulsive !
Pour résumer, Annaelle m'avait appelé il y a 45 minutes pour m'annoncer qu'elle se dépêchait de se préparer pour venir chez moi au plus vite, histoire de me raconter les nouvelles car "ça fait longtemps qu'on s'est pas vues en vrai, donc attends-moi et prépare-toi à écouter ce que mon prof a encore fait !". Ses paroles ne s'étaient évidemment pas limiter à cela, puisqu'elle avait ajouter en marmonnant "Putain de prof de merde...".
Élégance, grâce et politesse étaient bel et bien présents dans son magnifique discours recherché.

Angoissée à l'idée qu'elle puisse me surprendre en train de paniquer en rentrant dans ma propre maison, j'ouvre la porte en bois dans la foulée et cours presque vers la cuisine pour en sortir des casseroles et quelques aliments que je disperse sur le plan de travail, histoire de lui faire croire que je ne me suis pas volatilisée pendant plusieurs jours chez mon homme.
Si elle savait que je lui menti, elle...me détesterait. Au début, j'avais eu si peur de lui parler de cet homme qui connaissait tout de moi que j'avais fini par garder le silence total.
Mais ce n'était évidemment pas la seule raison.
Biensur que non.

Non, ce qui m'avait fait cloîtrer ma bouche, c'était les sensations que j'avais éprouvé pour cet homme dès le commencement.
D'abord la peur, puis l'appréhension, pour continuer avec l'impatience, les frissons, la chair de poule et...les cuisses en feu, avec surtout la tête en vrac.
Ensorcelée.

- Pourquoi tu laisses ta porte ouverte ?

Immédiatement, je sursaute et bondis sur place, toujours une poêle en main.
Ahurie, je me retourne et fait face à ma meilleure amie, sourcils froncés et un air dubitatif sur le visage.

- Je t'attendais. je réponds du tac au tac.

- Bon, je dois vraiment te parler. T'es vachement bizarre. elle continue.

Son expression faciale ne me dit rien qui vaille, et le fait qu'elle reste plantée dans cette embrasure renforce mon hypothèse, que j'espère fausse.

- Tu m'expliques ?

Ne comprenant absolument rien de son attitude, mes yeux la fixent, ébahis et en attente de sa révélation.
Est-ce qu'elle me fait une blague ?
Certainement pas, vu comment ses pas se rapprochent dangereusement de moi avec un bruit fracassant. Ses chaussures compensées lui donnent un air encore plus dominateur -en plus du fait qu'elle me dépasse largement sans talons habituellement-, et lorsque son doigt se pose lourdement sur ma peau, je reste presque bouche-bée.
Que fait-elle, bon sang ?

- Je croyais qu'on se disait tout. elle lance, toujours aussi furieuse.

Ne saisissant toujours pas, mes jambes se dirigent automatiquement vers ma salle de bains pour que j'aille admirer le point qu'elle touchait, et qu'elle semblait au passage détester.
Arrivée face au miroir, j'équaquille les yeux et me tourne directement vers elle, qui n'avait pas manqué de me suivre de près.

- Je...

Ma voix s'échoue dans ma gorge, et je ne trouve rien à dire de plus que ce pronom stupide.

- Je te raconte tout, et j'insiste sur le tout, depuis des lustres ! Je ne m'attendais certainement pas à te retrouver avec une énorme marque dans le cou, ma chère.

A sa remarque, je tilte. Cela fait des semaines entières que je lui mens, et non pas seulement que sur une nuit qui semble avoir été...chaude.
Non, je lui ai menti durant des mois, et sur toute ma vie.
Alors que je sais tout d'elle, j'ai l'impression de ne rien lui avoir partagé.
Et c'est le cas.

STALKEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant