Chapitre 10

4.9K 221 25
                                    

La proie.

Nous sommes alors le lendemain, et je me suis retrouvée avec des cernes si bleues le matin en me levant que je n'ose même pas me regarder dans un miroir plus de cinq secondes. Une nuit blanche a été mon seul remède pour réfléchir assez longtemps afin de comprendre cette situation.

En fin de compte, lui et moi nous retrouvons dans une routine barbante : il arrive, me parle quelques minutes avant de s'éclipser en un rien de temps, sans que je ne puisse prononcer un mot qui ait une réelle importance, si ce n'est quelques bêtises ou reproches par ci par là.

La frustration peut alors très bien se lire sur mon visage quand je pénètre dans la salle de cours, sous le regard étonné de Mathilde qui m'aperçoit du fond de la salle. Mes pieds avancent alors vers elle et je pose mes cahiers sur la table avant de m'assoir. Je la salue poliment, mais sans grand entrain, et c'est à ce moment-ci qu'elle commence à me questionner :

- Tout va bien ? Tu n'as pas l'air de bonne humeur.

Son ton est doux et rassurant, alors je relâche mes muscles et ferme les yeux pendant un instant.

- Oui, merci beaucoup. J'ai juste mal dormi, c'est la fatigue. je réponds avec un mince sourire.

Elle acquiesce au moment où le professeur entre et commence le cours sur les différents aspects que peut contenir un même plan, et je cesse enfin de me tourmenter quand mes oreilles s'imprègnent de la leçon.

*

Je prends toujours des notes quand la sonnerie retentit deux heures plus tard, alors je termine ma phrase et range mes affaires pour aller en salle de mathématiques.
Mon esprit se déconnecte presque instantanément du cours et je me remémore alors la discussion avec North comme un coup de fouet en plein visage : il devait revenir aujourd'hui, non ?
Mon cœur accélère à cette idée, et je parcours les couloirs d'une démarche rapide pour arriver à ma salle le plus vite possible. Je me déteste de toujours penser à lui et à ses actes, je déteste le fait que tout tourne toujours autour de lui, même. Mon monde est bien différent de celui des héroïnes qui tombent amoureuses au bout de plusieurs mois dans quelques-uns de mes livres de romance, car elles se préoccupent à peine de celui qui leur court après. Si seulement tout était si simple.


Quelques secondes plus tard, je suis donc déjà face à la porte ouverte de l'amphithéâtre et me contiens pour ne pas scruter à toute vitesse le lieu et paraître plus que suspecte, en plus de vouloir vider mes émotions sur l'homme qui me hante jour et nuit. Et en effet, mes jambes ont repris leurs tremblements habituels quand il est là, et l'idée que ce stalker puisse être derrière cette porte me donne la chair de poule.

Inspirant à fond, je marche et entre, pour constater qu'il n'y a que quelques personnes présentes.
Je regarde alors mon téléphone en arrivant à ma table destinée pour l'heure et observe que le cours ne commence que dans une bonne vingtaine de minutes.
Je m'assois donc en observant les étudiants entrer un par un, espérant que mon souffle reprendra un rythme normal un jour.

Une fille brune.
Un garçon blond.
Une fille rousse.
Une fille brune.
Un garçon brun.
Un garçon brun.

Constatant que je n'arrive pas à déterminer qui est qui, je souffle et mords doucement mes lèvres de frustration.
Comment ai-je pu penser que je le trouverais si simplement ?
Je réalise alors que je ne connais même pas la forme de son visage ou la couleur de ses cheveux, je ne possède donc aucun indice pouvant m'aider, mis à part la couleur verte de ses yeux.

Me maudissant intérieurement de ne pas l'avoir plus inspecté, je vois le professeur arriver pour commencer le cours deux minutes plus tard. Pleine de regrets, c'est à ce moment-ci que mon voisin de maths décide de venir s'installer à côté de moi. J'aurais préféré être seule, et surtout aujourd'hui, mais je ne peux pas lui demander de partir alors que les places sont presque toutes prises par tous les étudiants étant arrivés entre temps.

STALKEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant