Chapitre 17

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Je me tiens au pas de la porte, là où Jules me sonde toujours de son regard affreux et impudique. La clef tourne d'elle-même dans la serrure et les larmes continuent de dévaler sur mes joues, sans que je ne puisse rien y faire.
Son corps se colle presque au mien quand je replace ne bout de métal dans ma poche en silence, alors que mon cœur me hurle de crier à l'aide.
Ca y est, nous sommes dehors, et le pire est sur le point d'arriver.
Pour commencer, Jules place sa main droite sur ma fesse, que je repousse immédiatement en me dégageant.

- Oh arrête ! T'aimes ça ! T'as toujours aimé ça ! Une pute a pas peur d'une main, et vu que t'es une sacrée salope...

Un rire éclate de sa gorge alors que le dégoût empare une fois de plus la totalité de mon corps, et plus spécifiquement sur ma peau précédemment touchée. Encore une fois, une autre larme s'échoue au sol et mes yeux sont rivés sur le sol, ne voulant pas le regarder.
La peur est le seul sentiment que je suis capable de déceler. La panique n'est même plus présente, ni l'anxiété. Juste et uniquement de la peur.
Je me recule de l'entrée de la porte et sens le froid entrer dans mes vêtements, mais cela ne m'atteint pas. Je crois même que c'est la première fois que le manque de chaleur ne me dérange pas. Mon corps est différent de d'habitude et inapte à ressentir mes émotions les plus fortes. Je me sens presque déjà changée.
Violée.
Un nouveau frisson d'effroi parcourt mon échine à cette pensée.
Cela va vraiment arriver ?
J'ai si peur.

Dans ma stupeur, je ne remarque pas que les pieds de Jules ne sont plus derrière moi. Ce n'est qu'en me retournant pour lui faire face une dernière fois en étant capable de le regarder les yeux dans les yeux que je me rends compte de sa disparition.
Plus aucun mot.
Plus aucun son.
Aucune insulte.
Une nausée me prend immédiatement quand j'aperçois son corps, étalé quelques mètres plus loin de l'endroit où il se trouvait précédemment.
Comment ai-je pu ne pas le remarquer ?
Parce que tu es idiote.
A présent, l'effet inverse se produit : la peur n'est plus du tout ce que je ressens, car c'est bien une angoisse grandissante qui gagne mes membres.
Mais n'est-ce pas lié, au fond ? Surtout dans une situation pareille ?
Je comprends alors que Jules a été agressé, dans un silence des plus total.

Mais où est l'agresseur ?

Mes yeux sondent automatiquement le paysage qui se dresse devant moi : une nuit noire, quelques lampadaires allumés, avec pour seul bruit perceptible le vent.
Mon rythme cardiaque n'arrive pas à se régler correctement, puisque je le sens presque dans ma gorge. Mon estomac est lui-aussi retourné, sans que je ne puisse rien y faire.
Par réflexe, mes bras se placent devant moi pour me défendre d'une potentielle attaque.

Comme si ça allait changer quelque chose, espèce d'idiote.

Mes yeux retombent alors sur le corps de Jules, inanimé. Il a les bras étalés par terre et son visage est tourné du côté opposé au mien.
Il n'y a eu aucun bruit.
Pas un seul coup de feu.
Coup de couteau.
Bagarre.

L'incompréhension envahit mon esprit et cherche une résolution à ce problème complètement fou et improbable.
Il y a quelques minutes, je cherchais un plan pour m'échapper de mon agresseur, et maintenant, un autre rôde autour de lui.
Cette situation pourrait presque être drôle, si ma vie n'était pas en jeu.
Car j'en suis persuadée. Je risque ma vie, à me trouver là, au milieu de ma ville, presque qualifiée de "morte" ce soir, avec deux hommes dangereux réunis au même endroit.
C'est alors qu'une chose me glace sur place. Mon sang arrête d'affluer dans mes veines, je peux presque sentir mon cœur arrêter de battre.
Un souffle dans mon cou.
Des frissons, la chair de poule.
Tout est là.
Il est là.
Terrorisée, je décide de ne pas bouger.
Et si ce n'était pas vraiment lui ?

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