Chapitre 52

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La haine s'empare de moi lorsqu'il apparaît sous mes yeux.
Il ne m'a pas écouté.
Il n'a pas respecté ce que je lui avais demandé.

Ca, c'est ce que j'aimerais me dire.
Sauf que mon corps est brûlant.
Ma peau est moite et parcourue de frissons incontrôlables de mon cou jusqu'à la plante de mes pieds.
Voir ses yeux verts est ce que j'avais espéré depuis des mois entiers. Là, tout de suite, je me suprends même à vouloir qu'il me saute dessus pour venir m'embrasser comme un fou. Si je le pouvais, je me détesterais.
Non, je le détesterais.

Mais je n'y arrive pas.
Je suis amoureuse de lui.
Quoiqu'il ait fait.
Quoiqu'il m'ait fait.

Le sang pulse dans mes oreilles et je lutte pour rester assise sur mon lit, et non pas tomber à la renverse en attendant ses baisers et son contact.
Je brûle même quand ses magnifiques pupilles trouvent les miennes. Heureusement, il ne peut pas voir les rougeurs sur mes joues et mon désarroi. Durant ce temps qui m'a semblé interminable, je n'ai fait que l'attendre, le désirer et espérer.
En boucle.
24 heures sur 24.

Mes pensées se recentrent quand il s'approche avec des pas lourds dans ma direction.
Non, je ne peux pas l'accepter.
Je ne le veux pas. Il m'a trahi. Menti.

- Reste où tu es... je murmure.

Comment est-ce possible d'être aussi négligée juste avec un seul regard de sa part ?
Il me détient. Des cellules de ma peau jusqu'à mon âme entière.
Et je. ne. le. veux. pas.

- Mon cœur... il souffle en réponse.

Définir ce qu'il se passe dans cette pièce ne peut être caractérisé que par un seul mot : impossible. La tension est trop grande, la haine prend trop de place, l'envie également, mais par dessus tout, tout notre amour est perceptible.
Dans chacun de nos regards, de nos mouvements, de nous.

North semble tout aussi...non, ça non plus, je ne sais pas en faire une définition. Je dirais juste qu'il se trouve dans le même état que moi-même en ce moment. Exactement le même.
Nos corps ont beau ne pas le transmettre de la même manière, c'est équivalent. Lui, ses pupilles longent mon corps comme si il était une merveille du monde, il contracte ses mains et ses pieds font des mouvements imperceptibles, comme si il souhaitait avancer. Moi, c'est plus le fait que je bagaye comme une enfant ou que mes membres tremblent, ce qui va en totale opposition avec la température de ma peau bouillonnante.
Cela faisait précisément six mois que je n'avais pas balbutié ou buté sur un mot. Précisément.

Et même si cette situation est remplie de non-dits et de cachotteries, notre attirance est toujours là, voire même encore plus forte. Voilà une demie-année que je n'avais pas croisé ce regard puissant, que les messages que j'envoyais restaient sans réponse et...qu'il ne m'a pas touché.
A un quelconque endroit.
Pas un seul.

Je ne peux pas m'empêcher de rapprocher mes jambes un peu plus contre moi pour me sentir en total contrôle. Évidemment, ce petit geste ne passe pas inaperçu, en plus de ne pas me rassurer plus que ça.
Je suis toute à lui.

Reprenant mes esprits, je constate qu'il me dévisage toujours avec cet air surpris et désarmé. C'est clair qu'il ne s'attendait pas à ce que je le surprenne, mais pourquoi reste-t-il bouche-bée comme ça, sans bouger un seul de des muscles ?
Tu es vraiment idiote, la seconde d'avant, tu disais que tu ne voulais pas qu'il t'approche.
Non, c'est faux.
J'ai menti.
Pourquoi est-ce que je m'attendais à le voir derrière ma porte, me direz vous.
Je parie d'ailleurs que c'est la question qui tourne en boucle devant ses yeux perdus sur moi.

Une seule réponse : je savais.
Mon corps avait compris.
Au moment même où le sien a quitté le palier, j'ai compris : non, North n'était pas du genre à abandonner aussi facilement.
Non, il n'allait pas partir comme si de rien n'était alors qu'il était en furie quelques heures plus tôt.
Non, il n'était pas assez indépendant pour me laisser.

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