STALKER

Chapitre 34

Je suis encore plus que gênée, même si notre ébat est fini depuis plusieurs minutes. Mon crâne collé à son cœur me permet d'entendre ses mouvements frénétiques et réguliers qui tambourinent contre moi.

Au commencement, j'avais eu très peur.
Pas le genre de peur qui vous saisi parce que vous ne voulez pas le faire -loin de là-, mais car vous avez peur de mal faire. Au final, North m'avait guidé, dictant comment faire. J'avais fini par adorer. Et je pèse mes mots.
Voir un homme tellement prendre du plaisir grâce à vous est mieux que de recevoir une faveur, selon moi.
L'avoir vu lutter pour ne pas me blesser, puis se contenir pour que cette première fois soit comme elle était supposée se passer m'a rassuré.
Et si seulement ce n'était que rassurer.

En offrant à North cela, je lui ai offert une partie de moi. Certes, c'est peut-être très peu pour certains, mais pas pour moi. Une partie de ma confiance lui a encore été cédée, une de plus. A chaque jour qui passe, je me sens peu à peu sombrer vers mes sentiments pour lui.
Ils m'entrainent dans une sphère infernale, qui retourne toujours au même point.
Je suis amoureuse de North.

Après m'être voilée la face pendant des semaines, j'avais enfin pris conscience de la réalité. Mon stalker m'avait eu, et pas à moitié.
A chaque journée qui passe, les équations de mathématiques sur mon cahier sont recouvertes de son visage. Loin d'être bonne en dessin, je veux plutôt dire qu'il occupe mon esprit à chaque instant. Et ça depuis le premier jour, au final.
Depuis la première fois qu'il a posé les yeux sur moi.
Si j'avais su ce qui allait se passer, aurais-je réagi de la même manière avec lui ?
Jamais.
Mon cerveau n'aurait absolument pas toléré une telle chose. Mais est-ce que cela m'aurait empêché de tomber pour lui ?
Jamais.

Doucement, je relève mon visage et m'approche de lui pour déposer un baiser sur ses lèvres gercées. En les plaquant contre les siennes, il recommence à passer ses doigts dans mes cheveux et exerce une pression pour me pousser à l'embrasser plus profondément.
En souriant, j'insère donc timidement ma langue dans sa bouche. Même après cet acte que j'ai provoqué, je ne peux pas m'empêcher de ressentir toutes sortes de choses quand il m'embrasse.
Pendant que je lui faisais du bien, mon ventre était parcouru de papillons si intenses qu'on aurait pu croire que c'était moi qui recevait du plaisir. Mon cerveau aussi était embrumé, et plus il allait vite, plus je me noyais dans ma propre jouissance. Ne parlons pas du fait qu'il ait été brutal. Quand il m'a posé cette question sur le ton de l'humour, je n'osais pas lui dire que j'avais adoré. Alors, j'avais juste hoché la tête, de sorte à me camoufler un peu plus.
Comment réagirait-il si il savait que j'aime quand il est sauvage ?
J'ai moi-même du mal à intégrer cette idée, alors je ne voudrais pas lui en donner d'autres.

Le meilleur avait été quand il avait joui dans ma bouche. Il n'aurait pas été obligé de me dire d'avaler, car c'est ce que je comptais faire depuis que j'avais posé mes lèvres sur son sexe. En parlant de cela, son goût avait été salé et brute, tout comme lui.
Lui offrir ma première fois dans ce domaine était sûrement l'une des meilleures idées que j'ai eu jusqu'ici. Me mordant les lèvres, je me recule et observe ses beaux yeux verts particulièrement sombres. J'ai toujours trouvé marrant le fait qu'on possède la même teinte de vert dans le regard, malgré le fait que mes yeux sont bien plus bleus que verts.
Des strilles brunes entourent ses pupilles, et je confirme l'hypothèse de la forêt : je me tiens réellement devant des arbres en plein mois d'hiver, perdant peu à peu leur feuillage, mais qui n'en restent pas moins puissants.

- Tes yeux vont parfaitement avec tes habits de militaire, j'en suis sûre. je murmure.

Je ne me souviens pas avoir voulu prononcer ces mots, mais ils ont tout de même franchi la barrière de mes lèvres. Ses doigts remontent sur ma hanche pour la presser plus fort contre lui, alors que je souris comme une adolescente devant un film romantique.