Chapitre 37

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Exténuée, je fixe le problème qui se trouve sous mes yeux.
Comment faire pour calculer la vitesse de l'air sur une surface en carbone...
Aucune idée.
Je souffle bruyamment et me frotte les yeux pendant quelques secondes, chose que Mathilde remarque tout de suite.

- Sers toi de la formule qu'il avait donné au cours d'hier. chuchote-t-elle.

En l'espace d'une demie-seconde, la solution apparaît devant moi.
Précipitamment, je saisis mon stylo et commence à rédiger plusieurs calculs cohérents, qui me mènent vite à un résultat, plus ou moins approximatif (chose totalement normale, vu les différences de surfaces, de températures et de pression).

J'entends Mathilde rire face à mon enthousiasme, puis nous continuons notre cours de mathématiques dans le silence. Parfois, je me demande vraiment comment j'ai pu avoir plus qu'elle et que tous les autres étudiants à notre examen. Certains ici sont de purs génies, et loin de vouloir attirer l'attention sur moi, je sais que mon seul talent se trouve dans ma motivation, et non pas dans une compréhension facile, malgré mes facilités dans quelques matières.

Lorsque je relève la tête vers le tableau en ardoise, je remarque le professeur en train de noter la solution au problème posé. Satisfaite, je vois les calculs qui correspondent aux miens défiler, à quelques chiffres significatifs différents.
Je dois vraiment corriger ça, c'est niveau lycée.

La scène de ce matin me revient alors en mémoire, et en un instant, je me retrouve triste au possible.

"C'est notre dernier jour ensemble." je me souviens avoir murmuré au réveil.

"On se verra très vite, mon cœur."

"Promets-moi de revenir."

"Je te le promets."

"Mais comment peux-tu en être si sûr ?"

"Parce que je reviendrai toujours, je te l'ai déjà dit."

-

M'étirant, je saisis mon sac au passage et me dirige vers la voiture de North pour...la dernière fois avant six mois.
Évidemment, ma chère BMW E36 me sauvera pour ce qui est des trajets, mais rien ne remplacera l'homme à l'intérieur de la E46 que j'aperçois au loin. Une forme légèrement moins carrée, des ailes plus arrondies, mais toujours cet air agressif dont je suis amoureuse, typique de la marque allemande.
La voiture placée à environ cent mètres de la porte que je pousse, je peux tout de même observer North rédiger un message en souriant. Immédiatement, je me sens de trop, et surtout pas à ma place.
T'en fais des caisses, idiote.

Me reprenant, je descends les marches qui mènent au goudron et avance rapidement.
Le chemin passe d'ailleurs beaucoup trop vite à mon goût, car je suis déjà en train de clencher sa portière. Contrairement à d'habitude, son visage ne se relève pas tout de suite, et je comprends que quelque chose cloche.
Mon corps s'installe alors presque automatiquement, attachant la ceinture de sécurité comme si sa vie en dépendait. Mes mains sont posées sur mes genoux, alors que je ne me souviens pas l'avoir fait.
Le stress me gagne.
Pour si peu.

- Tu écris à qui ?

Là encore, je ne me reconnais pas.
Ma voix est précipitée, et mon cerveau déconnecté.
Je ne me rappelle pas avoir pensé à lui demander directement, ce qui prouve mon air perdu.
Alors que la peur d'avoir été trahie prend de plus en plus de place dans mon esprit, il relève son visage ainsi que son téléphone pour me le présenter.
J'aperçois donc un fil de discussion et mets plusieurs instants avant de comprendre de quoi il s'agit :

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