Chapitre 24

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"Mais oui ! Et là les œufs ont explosé dans ma cocotte ! Je n'imaginais pas du tout que papi serait aussi furieux, tu comprends ? Il était si énervé que j'ai cru qu'il allait nous mettre à la porte, moi et mes œufs !"

Je pouffais en entendant ma grand-mère parler de ses mésaventures avec son mari. Elle et mon grand-père sont mariés depuis leurs 20 ans, autrement dit, cela fait un bout de temps qu'ils se supportent. Non, pardon, supporter est un trop grand mot. Vivre serait plus adapté.
Quand elle m'annonça qu'ils avaient du manger du cassoulet le soir du drame, mon rire explosa dans la pièce. Ma grand-mère déteste les flageolets depuis son enfance, traumatisée par une intoxication alimentaire, arrivée je ne sais comment avec ces haricots.

Parler avec elle me fit un bien fou. Cela faisait plusieurs semaines que je ne l'avais pas eu au téléphone à cause de tous mes examens, cours interminables et emplois du temps surchargés de révisions.
Mon papi et ma mamie m'étaient extrêmement chers depuis ma naissance : ils m'avaient éduqués, fait grandir et mûrir pour faire de moi ce que je suis devenue aujourd'hui. Jamais, pour moi, je n'arriverai à les remercier en conséquence par rapport à tous les efforts qu'ils ont fourni envers moi et mon apprentissage de la vie.

"Tu passeras nous voir tantôt, ma chérie. On adorerait te voir ! Je suis heureuse que tes études se passent bien et que ce monde de brutes ne te fasse pas trop de mal..."

Elle finit sa phrase en machant ses mots, chose que j'avais remarqué il y a quelques années, c'est à dire la première fois que j'avais abordé le sujet. Venant de la vieille école, elle ne comprenait pas du tout pourquoi une adolescente avec 17 de moyenne générale -conservés de la sixième à sa terminale- se vouait à l'automobile.
En parlant de cela, je me souviendrai toujours ce déclic que j'ai eu pour ce domaine si spécial, et, selon mon entourage, masculin au possible. Oui, j'avais conscience que je ne me battais pas du tout pour obtenir le prestige d'être médecin et que devenir ingénieure spécialisée en motorisation n'était peut-être pas la meilleure chose pour obtenir les compliments de la société ou encore le meilleur salaire de la ville.
Et c'était parfait comme ça.
Depuis la première seconde, je suis tombée éperdument amoureuse de tas de ferrailles qui font du bruit, et jamais je ne m'en voudrais. Découvrir cela a été la meilleure chose qui me soit arrivée depuis le commencement de ma vie.

Enfin, presque.

Ca l'était.
Jusqu'à ce que je le recontre.

-

"D'accord ma chérie, on se retrouve dimanche comme prévu pour que tu viennes manger le midi. Gros bisous."

La voix de ma mère atteignait mes oreilles après une longue conversation avec. En effet, j'avais appelé ma mamie, mon père -qui au passage n'avait évidemment rien à me dire, comme d'habitude- et avais fini avec ma mère, qui me racontais ses péripéties du travail. On peut dire que ma mère n'a pas un métier simple, puisqu'elle est responsable d'une équipe entière de personnes, pas forcément compétentes au passage. Maman m'avait donc expliqué les potins du travail, c'est à dire à quel point Cécile l'avait mis sur les nerfs après une réunion. Comme à son habitude, elle avait vite enchaîné sur moi et mes cours, ne voulant pas trop m'inquiéter avec ses histoires. Finalement, sa dernière phrase était le rendez-vous quotidien chez eux le dimanche, et je me réjouissais déjà d'y aller.

Avec mon coma et toutes les actions qui me sont arrivées en l'espace d'un seul jour aux côtés de North, je peux dire que j'ai presque totalement perdu la notion du temps et de l'espace. Évidemment, je n'apprécie pas tellement cela, mais petit à petit, je commence à avoir mes marques et repères dans ce lieu de vie inconnu.

La serviette entourée autour de mon corps, je finissais la conversation téléphonique avec ma mère et posa mon portable sur une des tables de chevets. On était déjà le soir, et le soleil était déjà couché depuis bien longtemps. J'admirais alors le ciel bleu nuit, presque sans aucun nuage pour un mois si froid qu'est celui de décembre.
Allongé sur le lit de mon homme, non pardon, cet homme, je pensais à mes cours et à comment rattraper mes devoirs non réalisés ce week-end. Beaucoup de travail m'attendait et en aucun cas je ne pouvais me permettre de sécher le lundi ou je ne sais quel jour. Demain, j'irai en cours et, par pitié, comprendrai les exercices poussés de chimie.

STALKEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant