Chapitre 39

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Alors que je tappe mon stylo contre mes lèvres, l'équation plus que difficile apparaît enfin sous mes yeux. Je m'empresse alors de l'équilibrer, afin de compléter au mieux mon exercice.

Revenue de la faculté il y a plus d'une heure, je me sens déjà épuisée de me trouver seule.
En notant le taux de combustion de mes molécules dans le coin de la feuille, je m'autorise une courte pause pour penser à autre chose.
A quelqu'un.

North revient dans ma mémoire, et les regrets m'assaillent comme des flèches en plein cœur.
Comment est-ce qu'on a pu laisser ça passer ?
Comment est-ce que j'ai pu laisser ça passer ?
Le laisser dans l'incompréhension et la tristesse.
Le laisser penser que tout est de sa faute.

Pleine de remords et dans l'incapacité de continuer ma chimie, je saisis mon téléphone situé sur ma table de nuit, activé en mode silencieux depuis mes révisions.
Mes yeux s'équarquillent quand j'observe l'écran d'affichage, et mon cœur loupe un battement au passage.

Il y a une heure.
7 appels manqués de "North".

Paniquée, je m'empresse de diriger mes doigts vers l'écran pour vite atterrir dans les appels téléphoniques.
Dans mon stress, je laisse mes doigts trembler comme les sapins en hiver.
Ces sapins de la même couleur que ses magnifiques yeux.

Me reprenant, un tas de questions passent dans ma tête, toutes plus horribles les unes que les autres.
Et si il avait déjà eu un problème ?
Et si il était blessé ?
Non, pas dès le premier jour.
Non.
Je refuse.
Mais...se pourrait-il qu'il soit bloqué là-bas ?

Mon pouce appuie une bonne fois pour toutes sur l'icône "appeler", et mon corps prends place sur le lit, devenu froid et gigantesque sans lui.
Avec une tristesse non dissimulée, mon oreille perçoit seulement un silence qui ne dure que quelques millièmes de seconde.

Alors que je m'attends à ce qu'il mette quelques sonneries pour répondre, un souffle me parvient, grave et rauque.
Immédiatement.
Un souffle familier.
Extrêmement familier.

Mon rythme cardiaque retrouve dans la seconde son accélération familière quand North est proche. Mon corps aussi se soulève, avec une telle brutalité que je sens même mon cou craquer.
La vitesse de ma E36 quand je roule un peu trop fort.
La vitesse de mon cœur quand je l'aperçois.
La brutalité de mon changement de vitesses dans un dépassement sur l'autoroute.
La brutalité de ses mains quand il est possessif.

"Mon cœur ?" il murmure.

Je déglutis avec un effort incommensurable quand sa voix si grave résonne à mes tympans. Des papillons se propagent de suite dans toute la surface de mon ventre, et je peux déjà sentir ma tête bourdonner tellement l'entendre est plaisant.
Doucement, j'ouvre la bouche pour répondre, et cela encore plus faiblement que lui :

"Tout va bien ?"

Ma voix, faible, plaide plus à ce qu'il me réponde positivement que ce qu'il pense réellement.

"Oui, et toi, mon cœur ? Tu vas bien ?" il répond.

Un sentiment de soulagement emplit immédiatement tout mon être.

"Oui..."

Alors que je l'entends presque hocher la tête derrière mon écran, un silence pesant s'installe. Durant plusieurs secondes, aucun de nous deux ne parlent, et la situation me laisse presque croire que nous avons tous les deux des choses à nous dire, mais que nous ne savons pas les exprimer.
Comme toujours.

"Je..."

"Écoute..."

Nous nous coupons tous deux dans notre élan timide. Pour une fois, je sens North résigné et embêté par sa situation avec moi. Histoire de me donner contenance, j'aggripe le tissu de mon tee-shirt ample.
Son tee-shirt.

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