STALKER

Chapitre 3

La proie.

Comment affirmer l'inévitable à présent ?

Tout m'échappait, tout me ramenait forcément à lui, quoi que je fasse. Je ressentais le fait que rien ni personne n'aurait réussi à l'éloigner de moi, même avec toute la bonne volonté du monde. Des barreaux invisibles couvrent ma peau et mon esprit au fur et à mesure que le temps s'écoule à une vitesse infiniment lente, pour mon plus grand malheur.

Alors, mon seul remède est de tourner en rond dans ma cuisine, avec comme décoration, son bouquet de fleurs plongé dans un vase rempli d'eau. Une décision qui peut évidemment sembler stupide et inconsciente, jusqu'à ce que je vous expose mes raisons.

L'explication, alors ?
Annaelle allait forcément passer à l'appartement dans les prochains jours, et je ne me voyais pas du tout les amener dans les poubelles communes en bas de l'immeuble, tout simplement car je sais qu'il m'aurait vu et qu'il serait rentré dans une rage sans pareille. Sans même le connaître, je pense savoir à quel point il pouvait être impulsif lorsque quelque chose ne lui convenait pas. Je suis également sûre que, vu sa capacité à s'infiltrer dans mon chez-moi, il trouverait vite son achat dans ma poubelle de cuisine, cette fois-ci. Je ne le fréquente pas, certes, mais en l'espace de quelques minutes seulement, j'avais appris à...le prédire, et c'est exactement ce que je viens d'énoncer. Mes pensées ne cessent de tourner, encore et encore et inlassablement jusqu'à ce qu'une autre idée ne prenne le dessus sur mes réflexions. Je sens qu'il me traque, et qu'en ce moment même, il m'espionne de sa cachette. Ma décision reposait une nouvelle fois sur la volonté de protéger mes proches, alors oui, ses énormes fleurs trônaient fièrement dans un vase à présent. Alors, j'étais condamnée à vivre avec cet élément qui me ramènerait toujours à lui, en plus du chocolat, des médicaments et de cette fichue bague magnifique. Tout cela me rendait folle, de tout faire en fonction de lui, d'envisager ses réactions et ses agissements pour ne pas faire un faux pas qui me mènerait à ma chute... Oui, j'étais épuisée, et ce n'était plus du tout à cause de mes cours. J'avais trouvé bien plus préoccupant à présent.

Alors, j'ai improvisé et je me suis persuadée que je devais créer un mensonge lorsqu'elle le verrait, pour finalement déboucher sur le fait que ça serait un très beau cadeau de la part de mon père, pour me récompenser de mes efforts à l'université. Évidemment, elle y croirait et tout reflèterait une situation normale.

Normale.

C'est à en vomir.

Ma conscience me hurle de jeter le bouquet, de tout quitter pour ne plus jamais croiser ce vert qui me donne des frissons littéralement partout dans le corps...mais Annaelle verrait mon comportement suspect en plus de ne pas comprendre et de me questionner. Mon cerveau repousse cette idée et laisse donc les choses comme elles le sont actuellement.

Perdues.

Après quelques minutes, je décide de replonger dans mes révisions que j'avais amorcées il y a déjà plus d'une heure trente et y consacre ma soirée, jusqu'à l'endormissement total. En effet, avoir passé son lundi de la pire manière qui soit n'était vraiment pas une bonne chose pour moi, même si je n'avais pas eu un quelconque contact de sa part depuis hier. Pour mon plus grand bonheur.

*

Alors, mardi était arrivé. Je m'étais levée, ayant pour première sensation de la journée une impatience non contenue dans les veines.

Mes yeux n'avaient cependant rien trouvé sur le plan de travail, et le soulagement était arrivé. Cependant, l'idée qu'il se cachait ne me rendait pas réellement bien, car je ne pouvais écarter le fait qu'il allait sûrement attaquer plus fort la prochaine fois. Et s'il avait abandonné, après tout ?