Chapitre 36

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J'observe son visage devenir livide, ce qui me fait bien rire intérieurement.
Alors, mon cœur, que vas-tu inventer pour ne pas dire que je t'espionnais 24 heures sur 24, et que j'étais fou de toi sans même t'avoir adressé la parole ?

Sa petite pomme d'Adam non développée se soulève alors, et l'instant qui suit, elle relève la tête et sort le plus naturellement possible :

- On s'est rencontrés à la fac. North n'est pas étudiant là-bas, mais il accompagnait un ami ce jour-là, donc au moment où l'on s'est vus pour la première fois.

Sa détermination et son aisance me déconcertent quelque peu, surtout quand je vois à quel point elle bagaye toujours en face de moi.
Non, en cet instant, avec son dos droit, ses cheveux relevés en un chignon désordonné -qui, au passage, me donne une trique d'enfer-, et son air assuré, elle m'impressionne. En quelques secondes, elle fait croire l'impossible à ses parents.
J'aurais pu y croire, moi-aussi, dans une autre vie.
Mais pas quand je la connais aussi bien.
Pas quand je l'ai analysé pendant des dizaines d'heures, dessiné encore et encore et détaillé sous ses moindres coutures.
Malgré elle, ses jambes sont tendues sous mes doigts, ses lèvres plus crispées qu'habituellement et sa peau légèrement plus chaude.

- Oh, je pensais que tu étais avec Rosa ! Tu étudies quoi, North ?

Je me réveille de ma contemplation de ma magnifique femme, alors que ma belle-mère s'interpose dans ma vision.
Sa génitrice est d'ailleurs extrêmement jolie, tout comme son père est beau.
Marqués par l'âge, certes, mais on comprend vite pourquoi leur fille est si parfaite, autant psychologiquement que mentalement.

- Je suis militaire, madame. j'affirme.

Un silence plane sur la pièce, avant que son père ne s'occupe de combler le vide de la conversation :

- C'est tout à ton honneur. Merci de servir notre pays, mon grand.

Si il savait en quoi consiste réellement mon travail, il ne me remercierait pas.

-

- Le temps est passé si vite ! Tu veux aller faire un tour avec ta voiture ?

Rosa hoche énergiquement son visage, ce qui me procure un bien fou. Son sourire est communicatif, alors la voir heureuse est mille fois mieux que n'importe quoi. A l'étroit dans mon pantalon, je la vois s'approcher de moi, clefs en main.

- Tu veux venir avec moi ? me questionne-t-elle.

Mon sourire lui répond alors, et elle s'empresse de prendre ma main dans la sienne pour m'attirer dans leur garage.

- Tu vas voir, elle est géniale !

Merde, il faut vraiment qu'elle arrête de me regarder comme ça, sinon je pense que je ne vais pas pouvoir me retenir de la souiller dans sa voiture adorée.

-

Alors que nous passons la porte de chez moi, je suis encore excité comme un bœuf.
Même deux heures après cette putain d'érection dans le salon de ses parents.
Il faut dire que me montrer comment elle sait drifter ne devrait pas me mettre dans cet état, mais tout chez elle me stimule.
Lorsque nous étions montés dans cette bagnole, elle avait démarré en trombe avant de piler net sur un parking vide.
Je me souviens encore de ses paroles enjouées : "Tu veux que je te montre quelque chose ? Je peux pas le faire très longtemps, sinon je n'aurai plus de pneus à la fin de la journée, mais je veux te montrer !". Son air enfantin et comblé m'avaient eu, mais j'étais loin de m'imaginer qu'elle allait mettre sa E36 dans tous les sens sur le goudron. Et par là, je veux dire qu'elle a l'art de la glisse, le vrai. Cette fille est tellement surprenante qu'elle a encore réussi à me clouer sur place, même après quatre putain d'années d'observation.
Tourner autour des poteaux juste avec l'accélérateur, elle l'a fait.
En esquiver un à la dernière seconde, fait.
Droite gauche précipité, fait.
Tour sur elle-même, fait.

STALKEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant