Chapitre 15

4.7K 206 9
                                    

- Je te jure, ça me soule !

Je ris doucement à sa réplique. Annaelle est encore au fond du trou, car elle a raté sa partielle sur un genre de littérature que je ne saurais nommer.

- Mais tu te rattraperas, j'en suis sûre !

- Rosa, j'ai eu 8.

Je lève les yeux au ciel et lui tends le pot de glace à la pistache pistache, dont elle prend une énorme cuillère et la fourre entièrement dans sa bouche. Je continue de la rassurer comme je le peux en carressant doucement son bras. Il n'y a qu'avec cette fille là, ma meilleure amie, que je suis un minimum tactile. La situation ressemble presque à une scène de notre quotidien, à présent. A chaque fois que quelaue chose va mal, on se donne rendez-vous dans mon appartement pour manger de la glace. Mon budget en crème glacée doit d'ailleurs être astronomique, vu la quantité qui y passe à chaque fois.
Je souris à ma pensée et continue à lui parler, tout en regardant un film policier affreusement ennuyeux.

- C'était quelle matière, celle avec le prof fou ? Parce que si c'est ça-

- Mais non espèce de...arg ! J'ai tout raté ! Sa matière de merde, là ! Lui il gère pas la littérature grecque ! Tu suis rien...

Elle se tourne vers le mur : le sens opposé de mon visage. Je plaque ma main sur ma bouche pour étouffer mon rire, mais je n'y arrive pas. Je suis vraiment nulle pour la consoler, la pauvre. Et puis ce n'est pas de ma faute, si elle a un sourcil plus haut que l'autre quand elle est énervée.
Quand Annaelle est à bout de nerf, il lui arrive de ressembler à une caricature.
C'est affreusement méchant.
Mon rire perce une nouvelle fois le silence dans la pièce, semi-présent à cause de la télévision.

- Tu es vraiment une conasse ! elle me jette, toujours le visage éloigné du mien. J'espère que tu ne te marieras jamais, sinon le mari va mourir à cause de ta méchanceté !

- Arrête...je me suis juste...trompée...

Elle me jette un coussin au visage, et je la vois retenir un rire, elle aussi.
La seconde d'après, nous nous tapons dessus en faisant une bataille de polochons en hurlant dans toute la pièce.

Un mari, hein ?

-

Mathilde me parle, enfin, je crois. Je suis surtout concentrée sur l'équation au tableau que je ne comprends absolument pas. Comment le nitrate d'argent en tant que réactif peut-il créer en produit juste de l'eau ?
Je crois que je n'ai bel et bien rien suivi à propos de cette partie chimie.
Je souffle bruyamment d'énervement, et ma voisine se braque presque instantanément. Je me tourne alors vers elle et aperçois son air déçu.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Quelque chose ne va pas ? demandais-je.

- Désolée de te soûler avec ça, je vois bien que ça ne t'intéresse pas.

Je me rends alors compte que je n'ai rien écouté de ce que Mathilde me raconte, en plus de n'avoir rien compris au cours.

- Je ne souffle pas pour toi, évidemment ! L'équation me rend juste folle.

- Tu n'as pas compris ? me répondit-elle.

- Non, je suis désespérée. D'habitude je n'ai aucun problème, mais là... Je ne sais pas du tout ce qu'il se passe.

- Promis ce soir on s'appelle et je t'explique ! Ca te dit ?

Je souris face à sa réponse enjouée et tout juste adorable.

- Avec plaisir ! Tu es sûre que ça ne te dérange pas ?

C'est à son tour de souffler et de prendre une mine renfrognée, alors que je commence à rigoler face à cette situation.

STALKEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant