Chapitre 5

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La proie.

Avec le temps, samedi était venu. Tout passait infiniment lentement, et cela faisait maintenant une semaine depuis « l'homme du bar ». Sept minuscules jours avaient bouleversé mon quotidien, me laissant dépendante au possible d'une personne dont je ne connais rien, si ce n'est son statut. Un fichu stalker.

Et pas n'importe lequel, non. Ça aurait été bien trop simple. Il n'est pas celui de ces filles qui en rêvent, de celles qui pourrissent le monde avec leurs actions, ou bien celles qui jalousent en permanence... C'était le mien.

Je ne le désirais pas, je n'en voulais pas. Loin de me rapprocher de la perfection au vu de mon côté introverti et renfermé ou encore mon corps très éloigné des magazines, j'estimais tout de même que je ne méritais pas une telle chose dans ma vie. Cette chose qui se tenait à l'opposé du Golden il y a si peu de temps, et qui était devenue « North ».
J'ai ressassé et ressassé son prénom dans ma tête, jusqu'à ce qu'il arrive même me hanter dans mes rêves. Cette nuit, j'avais rêvé de notre première rencontre qui pouvait se rapprocher de la réalité. Le malaise, le fait qu'il me suive, puis qu'il me rapporte à l'appartement pour enfin me parler, sans que je ne comprenne ses intentions... Tout était flou et sans aucun sens, et je me perdais tout autant que ce que je le pensais. Peu à peu, je me sentais de plus en plus observée, étudiée et surveillée, quelle que soit l'heure de la journée, ou même de la nuit.

Depuis ce jour-ci, tout a changé. Je me suis faite à l'idée qu'il entre tous les jours dans mon chez-moi et dans mes habitudes de vie. Je me suis faite à sa voix et ses yeux, pour mon plus grand malheur, mais je crois que vous connaissez déjà bien trop cette phrase. Le pire ? C'est que je suis impatiente de sa prochaine venue. Je n'arrive pas à l'expliquer, mais je ne cesse de me questionner sur lui et ses intentions, comme toujours. Mais depuis quelques heures, tout est différent. Mon corps ne me répond plus et semble totalement détaché de mon cerveau, une chose qui va s'avérer bien plus problématique que prévue.

Je ne veux pas qu'il m'abandonne maintenant, qu'il me laisse sans aucune explication telle une idiote pour le fait de m'intéresser à lui.

Non, je ne souhaite pas ne plus le voir passer le pas de ma porte en crochetant ma serrure.

Qu'il n'arrête jamais, par pitié.

Un frisson de dégoût me remonte jusque dans la gorge et je comprends alors qu'il y a un réel problème dans ce que j'affirme. Je ne sais pas ce qui me prend tout à coup, mais mon esprit suppose que cette situation me monte peu à peu à la tête. Ce soir, je travaille, et j'espère sincèrement que faire quelque chose de ma boîte crânienne me servira pour autre chose que d'afficher ces deux billes vert turquoise en boucle.

Cependant, une idée me traverse et la peur me transperce à son tour. Je sens tous mes membres se tendre de frustration et ma bouche s'assécher en devenant pâteuse.
Va-t-il venir sur ce trottoir, voire pire, entrer dans le bar ?

Ce serait catastrophique, bon sang. Tout mon être ne semble pas se soucier de ma santé mentale, alors le revoir serait le pire des actes à réaliser. Pour moi, pour ma sécurité et pour celles de mes proches, je me dois de m'éloigner. Les pensées qui viennent de me submerger ne sont pas normales, les sensations que je ressens loin d'être adaptées et cette attirance qui commence à naître de mon côté est plus que malsaine.

Pour de bon, ce manège doit cesser.
Mais j'ai comme l'impression d'avoir déjà employé cette phrase.

Admirez le résultat.

Aurait-il le culot pour entrer sans sa cagoule en sachant qu'il risque gros ?

Serais-je capable de ne pas le reconnaître s'il ne la porte plus ?

STALKEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant