Anaé
Trop. Ils sont trop nombreux, à graviter autour de moi comme si j'étais l'étoile la plus brillante de leur système stellaire. Dans cette foule instable, je perds Dastan de vue. Il a disparu, emporté dans le château par son adorable mère. Je ne suis pas née de la dernière pluie. Elle croyait peut-être tout masquer à l'aide de son élégance, mais son regard glacé triomphait de son sourire forcé. Il me semble pourtant avoir tapé dans l'œil de son père.
Première impression mitigée. Pas grave, il y a toujours matière à progresser, non ?
La douzaine de domestiques, qui s'est littéralement jetée sur moi, me dirigent péniblement à travers le palais.
Sincèrement, douze ?
Toutefois, dans ma confusion, je suis époustouflée par les lieux. On croit souvent se représenter la grandeur d'un château en ruines, mais ce n'est rien comparé à la réalité. Les pièces sont d'une hauteur impressionnante, comme si le plafond pouvait effleurer la voûte céleste. Tout est aussi bigarré que le paysage extérieur. Le gigantesque couloir, dans lequel je marche depuis sûrement cinq bonnes minutes, possède de larges fenêtres aux cadres dorés, décorées de soleils lumineux et de lunes sous toutes ses phases, et ses murs sont bardés de grandes tapisseries. L'étendard d'Asteria s'impose à plusieurs reprises : un soleil et une lune rayonnants en pleine éclipse, parachevée d'une fleur en son centre.
Après une longue marche, on m'arrête devant une porte. La foule se disperse. Reste une jeune domestique qui m'ouvre la pièce et m'invite à entrer. Ses yeux noisette soulignent la couleur chocolat de ses cheveux bouclés. Sa peau est aussi dorée que celle de Dastan.
Lorsque je franchis le seuil, mes yeux manquent de sortir de leurs orbites. La chambre est gigantesque ! Presque aussi grande que la maison de mes parents. Un énorme lit à baldaquin aux tissus nuancés de bleu domine le coin droit de la pièce. Une coiffeuse immense se tient du côté gauche, entourée par de hautes armoires, de grandes commodes et un miroir sur pied magnifique peint d'une nuée d'étoiles. La domestique s'enfonce davantage et je la suis comme son ombre. Elle ouvre une deuxième porte derrière laquelle se dévoile une très belle salle de bain – tout aussi démesurée. Au milieu de celle-ci trône une baignoire à pattes de lion éblouissante. Mes doigts effleurent son rebord immaculé pendant qu'elle me confirme – à mon grand soulagement – qu'il y a l'eau courante ici.
La jeune fille m'attire cette fois à l'autre bout de la pièce, où je découvre, après être passée sous une arche décorative aux liserés d'or, un élégant salon et une chaleureuse cheminée en pierre. Des étagères vides sont encastrées dans le mur. Je veillerai à ce qu'elles ne le soient pas trop longtemps.
— Si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas à nous appeler, m'informe la domestique, me sortant de ma contemplation. Il y aura toujours quelqu'un pour vous dans le couloir.
— Merci...
Je suppose ?
J'ignore comment me comporter avec des serviteurs. Je sais bien qu'ils sont là pour me servir, que c'est leur travail, mais j'ai quand même du mal à m'imaginer leur donner des ordres.
J'ai du mal à m'imaginer donner des ordres à qui que ce soit, à vrai dire.
Je retourne dans la chambre et m'approche de la coiffeuse. Elle me dépasse d'au moins cinquante centimètres. Je suis absolument fascinée. Il y en a pour tous les goûts : du maquillage, du parfum, des broches à cheveux de toutes les couleurs. Ses tiroirs regorgent de perles et de bijoux étincelants.
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Asteria : L'Héritage des Astres
FantasyAnaé est une jeune femme comblée. Après trois années à sillonner les terres d'Æthenar, elle s'apprête à se marier au bel et audacieux Dastan, son compagnon de route et le prince héritier du royaume d'Asteria, une des trois monarchies restantes du co...