Chapitre 34

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Dastan


Je pousse la porte de l'antichambre de toutes mes forces et elle s'ouvre devant moi dans un bruit assourdissant. Mon entrée fracassante fait sursauter ceux qui attendaient dans la salle de réiréception.

— Où est-elle ?

Le roi, la reine, Guidéon et ses gardes m'observent avec effarement.

— Dastan !

L'inquiétude dans la voix de ma mère ne suffit pas à freiner ma frénésie.

— Où est-elle ? répété-je sur un ton plus dur que je ne l'aurais voulu.

Elle se rapproche de moi comme pour m'empêcher de passer, les mains posées sur mon torse, mais je continue d'avancer.

— Calme-toi, je t'en prie...

Me calmer ? Toutes les méthodes d'apaisement du monde seraient inefficaces à cet instant. Je fulmine, la repousse de mon bras et poursuis ma route, grimpant les marches de l'escalier trois par trois. Mes yeux se posent sur Jasmine qui apparaît depuis le balcon.

— Où est-elle ?

— Dans sa chambre.

Je presse le pas, la fureur m'arrachant les tripes. Mon pouls est si rapide que je sens rugir le sang à mes oreilles. Le couloir s'étire en longueur ; plus que d'habitude. Mon cœur brûle d'une inquiétude que je n'avais jamais ressentie auparavant.

Nous étions en route vers le dernier village de Persitt lorsqu'un messager du royaume nous a trouvés. Et sa missive a provoqué en moi une rage et une peur encore inédite.

Anaé a été attaquée à Amerald.

À deux reprises.

Le feu s'est emparé de mon sang et j'ai immédiatement fait demi-tour. Il m'a fallu deux jours et demi pour atteindre la Capitale des Astres. J'ai chevauché nuit et jour, avec très peu de pauses, laissant Luka et Rowan terminer nos affaires. Je priais les dieux pour qu'Onyx galope le plus rapidement possible et qu'aucune mauvaise surprise ne m'attende pas au palais.

Je pousse délicatement la porte de la chambre d'Anaé avec des mains tremblotantes. Mon cœur rate un battement lorsque je vois une bosse dans son lit, surmontée d'une chevelure de jais. Je me rue vers elle, m'installe à ses côtés en scrutant chaque partie de son visage endormi. Son front est plissé, ses yeux cernés, mais elle respire.

Les dieux soient loués, elle respire.

J'effleure à peine sa joue, et mon contact la fait tressauter. Ses yeux s'ouvrent très vite et elle sursaute en esquissant un mouvement de recul. Son regard semble perdu, traduisant le chaos de ses pensées.

— Ana...

Elle analyse ce qui l'entoure, prise d'un élan de panique.

— Ana, c'est moi, la rassuré-je en prenant son visage en coupe pour planter mon regard dans le sien. C'est Dastan.

Elle s'immobilise.

— Dastan ?

Mon prénom sonne dans sa bouche comme un murmure éraillé. Le chagrin dans sa voix rocailleuse me brise le cœur. Ses yeux s'emplissent de larmes. Elle enfouit sa tête dans ses mains et s'appuie contre mon torse, toute tremblante. Je l'étreins en soupirant de soulagement.

— Je suis là. Tu n'as plus rien à craindre. Je suis là, répété-je en tentant de garder mon émotion en moi.

Son parfum de fleur enneigée surpasse la puanteur de cheval et de sueur que je traîne depuis ces derniers jours.

Asteria : L'Héritage des AstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant