Chapitre 23

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Anaé

Les battements frénétiques de mon cœur s'intensifient à mesure que nous approchons du centre de la salle de bal, puis de la piste de danse, là où de nombreux couples tournoient au rythme calme d'une valse lente.

J'essaie de faire le vide dans mon esprit, mais les pas de cette précieuse danse ne cessent de tourner en boucle dans mon cerveau. La dernière mélodie se poursuit et la piste ne désemplit pas de monde. J'admire la fluidité avec laquelle les gens se meuvent, comme si on leur avait offert la danse comme talent à la naissance - en plus d'un haut rang et de biens luxueux.

— Tu es prête, me dit Iréna en une affirmation et non une question.

Nous échangeons un regard - le mien perplexe, le sien déterminé.

— Tu as suffisamment travaillé pour, confirme-t-elle. Toi aussi Hélicie. Et dans le pire des scénarios, cela nous fera une anecdote hilarante.

— Tu es désopilante, Iréna, déclaré-je avec un regard en biais.

Elle m'adresse un clin d'œil, mais détendre l'atmosphère ne suffit pas à tempérer la confusion de mon cœur et de mon esprit.

— Et si quelqu'un me propose de danser avec lui, que cela signifiera-t-il ? s'inquiète Hélicie sans prêter attention à nos chamailleries.

— Pour toi, ce n'est qu'une danse parmi tant d'autres, explique Iréna en reprenant son sérieux. Le rituel ne concerne que le prince et sa fiancée.

— Donc, je peux accepter la proposition de n'importe qui. Cela ne me forcera pas à l'épouser ?

Iréna laisse échapper un petit éclat de rire et s'approche d'elle pour enrouler son bras au sien.

— Non, ne t'en fais pas. Tu peux danser comme bon te semble avec la personne de ton choix. C'est d'ailleurs ce que je te conseille si tu veux profiter un tant soit peu de la fête.

— Et toi, Iréna ? Comptes-tu danser ?

Elle a déjà éconduit deux soupirants rien que sur le chemin de la piste de danse. Je comptais soulever ce point lorsque je croise le regard de Dastan dans la foule. Il se dirige à pas rapides dans ma direction et mon cœur s'apaise à sa simple vue.

— Mesdames, vous êtes en beauté, s'adresse-t-il à mes amies sur un ton suave qui pourrait faire fondre n'importe quel glacier.

J'aurais juré les voir rougir à cet instant. Dastan me propose son bras.

— Je suis navré, mais je vais devoir vous enlever Anaé.

J'adresse un sourire timide à mes deux amies avant de glisser mon bras sous le sien. Nous traversons la foule sans nous soucier des regards scrutateurs qui se posent sur nous.

— Voyons si tes cours de danse ont porté leurs fruits, persifle-t-il tandis que nous nous faufilons entre les gens pour atteindre la piste.

— Et les tiens, alors ? Parce que la première danse n'a rien à voir avec la douce ronde dans laquelle tu m'as entraînée.

— La petite danse de tout à l'heure n'était qu'un échauffement. Je crois qu'Asteria n'a jamais connu pareil danseur depuis l'instauration de cette tradition.

Je pouffe de rire avant de pincer son avant-bras à travers le tissu de son pourpoint - ce qui n'a pas grand effet.

— Ce n'est pas la modestie qui t'étouffe, dis-moi.

Il me gratifie d'une expression d'un charme dévastateur et une nouvelle vague de chaleur déferle sur moi. Pourquoi suscite-t-il chez moi une telle réaction par un simple regard comme si j'étais une vierge effarouchée ressentant le premier frisson de l'interdit ?

Asteria : L'Héritage des AstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant