Chapitre 17

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Dastan

Alors que Luka et moi arpentons le long couloir qui mène à la salle de conseil, mon attention se porte soudain sur une silhouette familière. Yvelta Kelani s'appuie nonchalamment contre le cadre d'une large fenêtre aux voilages diaphanes. Le message que je lui ai fait parvenir est arrivé jusqu'à elle – pour ma plus grande satisfaction.

Elle est comme dans mes souvenirs. Son corps svelte a la droiture d'un mât. Son visage anguleux et son port de tête altier révèlent toute son arrogance. Ses longues boucles rousses flamboyantes tombent en cascade sur ses épaules et descendent jusqu'à sa taille gracile. Lorsque ses yeux rencontrent les miens, les commissures de ses lèvres maquillées de rouge rubis se retroussent en un sourire hautement suffisant.

— Dastan, me salue-t-elle en inclinant légèrement la tête.

— Yvelta, lancé-je sur le même ton formel que le sien.

— Cela fait des années que je ne t'avais revu.

Près de sept ans pour être exact, songé-je.

Elle se rapproche de moi pour me scruter de pied en cap.

— Tu as bien changé, dis-moi. Tu es devenu un homme.

Son regard est insistant et elle rôde autour de moi comme une prédatrice prête à bondir sur sa proie.

— Vas-tu donc cesser de me tourner autour comme un rapace et venir me serrer dans tes bras ?

Elle arrête son inspection en gloussant. Ses deux bras s'ouvrent et je m'y engouffre. Son parfum si familier – cannelle avec une once de rose – fait remonter de vieux et merveilleux souvenirs.

— Je suis heureuse de te revoir après tant d'années, Dastan chéri.

— Moi aussi je suis content de te revoir. As-tu eu le temps de voir mère depuis ton arrivée ?

— Tu sais très bien que ma grande cousine n'est jamais très ravie de me voir. En outre, je viens tout juste d'arriver. Je me suis aussitôt dirigée vers ce long couloir qui n'en finit jamais. J'avais oublié à quel point ce palais est un véritable labyrinthe.

Je laisse échapper un éclat de rire en pensant à l'architecture du château dans lequel elle vit qui est tout sauf simple. Je congédie Luka d'un regard et il nous laisse seuls.

— Du reste, je ne sais toujours pas pourquoi tu m'as fait venir ici, observe Yvelta en prenant place à côté de moi.

— J'ai besoin de ton soutien, annoncé-je en m'élançant à un pas lent.

— Le grand prince Dastan d'Asteria qui a besoin de soutien ? Que les dieux nous viennent en aide, car la foudre ne tardera pas à s'abattre sur tout le pays.

Je la bouscule d'un léger coup de coude et elle rit de plus belle.

— Je suis sérieux. Le conseil d'aujourd'hui est crucial. Je compte annoncer aux membres du Conseil les premières lois que je souhaite mettre en place.

— Très bien, mais que viens-je faire dans cette équation ?

— Cela concerne en partie les femmes de la cour.

Je vois, à la petite flamme qui s'est mise à danser dans ses yeux d'un gris métallique, que ma réponse pique sa curiosité.

— Continue.

— Asteria est un royaume prospère, personne n'en doute. Mais tu sais comme moi comment sont ses lois. Il est temps que cela change. J'ai besoin de ta présence pour étayer mes propos.

Asteria : L'Héritage des AstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant