Chapitre 26

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Dastan


Les premières lueurs du jour ont raison de mon sommeil. Avoir réussi à fermer l'œil après cette nuit de folie tient d'ailleurs du miracle.

Anaé dort toujours paisiblement à côté de moi. Son visage est d'une sérénité que je n'ai plus vue depuis notre arrivée à Asteria. Sa respiration est calme et régulière, rien à voir avec son souffle haletant d'il y a quelques heures.

Je revois son regard plein de désir répondant au mien. Ma peau brûle toujours de ses caresses. Je me souviens de son corps ondulant sous le mien, ses formes épousant les miennes à la perfection, l'intensité avec laquelle elle criait mon prénom...

Mon désir me démange depuis le soir où elle portait une anasédia dans ses cheveux. Il s'est renforcé le lendemain quand j'ai failli la prendre contre cet arbre dans les jardins et n'a pas cessé de grandir depuis.

J'ai tant rêvé la voir chez moi, arborant les symboles de mon royaume. Je l'imagine, fière et victorieuse, une couronne d'or et de diamants sur la tête. Elle règne à mes côtés, assise à ma gauche sur le trône de la souveraine du Pays du Soleil. Rien au monde ne pourrait me ravir davantage en cet instant que l'image de mon peuple se prosternant devant elle, lui montrant tout le respect qu'elle mérite. Anaé a une idée précise du monde dans lequel elle souhaite vivre. Elle ne peut imaginer Asteria qu'en royaume libre pour tous et nos opinions convergent sur ce point.

Il est hors de question qu'elle soit mise à l'écart, réduite comme ma mère et toutes les anciennes reines consorts d'Asteria à n'être que la parfaite châtelaine. Elle fera partie du Conseil - notre Conseil. Elle portera ma couronne et dirigera ce pays avec moi. Elle deviendra un symbole aux yeux de tous, car elle sera la première reine à ne disposer d'aucun rang. Elle ébranlera toutes les traditions et consolidera la voie vers le changement.

Anaé se retourne soudain et son nez vient effleurer mon torse. Ses yeux s'ouvrent doucement en de petits battements de cils, le temps pour eux de s'habituer à la lumière grandissante dans la pièce. Elle les lève enfin vers moi et je lui adresse un sourire tendre.

— Bonjour, amour de ma vie.

— Bonjour, balbutie-t-elle d'une toute petite voix en étirant son corps contre moi.

— Bien dormi ? lui demandé-je en déposant un doux baiser sur son front.

— Pas assez. Mais je ne m'en plaindrai pas plus.

Un sourire malicieux étire ses lèvres et je saisis évidemment son allusion. Elle relève la tête et je profite de cette occasion pour l'embrasser. Elle me rend rapidement mon baiser avant de se presser davantage contre moi.

— Dis-moi que les dieux ne nous puniront pas pour avoir succombé à nos instincts, s'exprime-t-elle sur un ton à mi-chemin entre le sérieux et l'absurde, ne sachant encore lequel emprunter.

J'éclate de rire et elle me rejoint en gloussant à son tour.

— La foudre peut s'abattre sur moi, je ne regretterai jamais d'être entré dans cette chambre hier soir, confessé-je en enroulant une de ses mèches de cheveux autour de mon index.

— Comment vas-tu faire pour sortir sans te faire repérer par les chaperons ?

— Il n'y a jamais eu de chaperons, Ana.

— Vraiment ?

— Tu te souviens de la fois où je t'ai dit que je m'en débarrasserai ? À notre arrivée au château, j'ai insisté pour que la centaine de chaperons engagés par ma mère soient renvoyés.

Asteria : L'Héritage des AstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant